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Injection intraveineuse de dérivés du pétrole.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 7-8, décembre 2004, pp. 609-614, ill., bibliogr.
Le but de cette étude était de décrire les manifestations toxiques aiguës des produits pétroliers et leur prise en charge, faire une revue des cas publiés dans la littérature pour préciser : la fréquence, les produits en cause, les signes cliniques majeurs, la conduite thérapeutique et l'évolution. L'exposition aux produits pétroliers reste fréquente dans nombre de professions comme dans le cadre des loisirs ou de l'environnement domestique (remplissage de bidons avec des carburants, plein de réservoirs de machines à moteur thermique, nettoyage de pièces mécaniques, utilisation comme solvants, diluants, etc.). Cette familiarité aux produits peut conduire à en minimiser les dangers lors d'un contact cutané ou d'une exposition aérienne par voie respiratoire. Pourtant les dangers doivent en être connus, qu'il s'agisse d'un mode d'exposition chronique ou d'un mode d'exposition aigu (inhalation accidentelle ou imprégnation massive, isolée, des vêtements par projection, ingestion accidentelle). Alors que l'ingestion ou l'inhalation accidentelle ou volontaire des produits dérivés du pétrole est fréquente, en particulier chez l'enfant (50 % des cas), l'injection intravasculaire, dont il existe seulement seize cas publiés, constitue une éventualité peu courante. Ce caractère exceptionnel a incité à rapporter l'observation suivante. Le patient, agriculteur, âgé de 41 ans, est hospitalisé en urgence pour tentative d'autolyse par injection intraveineuse d'un mélange de carburant pour moteur deux temps à l'aide d'une aiguille septique. Le tableau clinique est dominé par l'atteinte locale au point d'injection et l'apparition, dans les heures qui suivent, d'une pneumopathie interstitielle avec hyperthermie qui nécessite son maintien en réanimation durant trois semaines. L'intoxication par injection intraveineuse de dérivés du pétrole reste exceptionnelle (16 cas retrouvés dans la littérature). Elle concerne des hommes jeunes, dépendants vis-à-vis de l'alcool, ou toxicomanes. Le tableau clinique, après intervalle libre minimum de trois heures, est dominé par une réaction locale au point de piqûre, une hyperthermie et surtout des lésions pulmonaires qui conditionnent l'évolution en général favorable (dans 13 cas sur 16).