Congés-maladie des enseignants : fréquence, durées, raisons et facteurs associés.


Article

VERCAMBRE-JACQUOT M.N. | GILBERT F. | BILLAUDEAU N.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 66, n° 1, février 2018, pp. 19-31, ill., bibliogr.

Les absences au travail ont des répercussions sociales et économiques considérables. Dans le secteur de l’éducation, le phénomène est d’autant plus préoccupant que les congés-maladie des enseignants pèsent sur la performance du système éducatif dans son ensemble. Pourtant, les données disponibles restent parcellaires. Au troisième trimestre de l’année scolaire 2012–2013, 2 653 enseignants ont répondu à l’enquête postale nationale " Qualité de vie des enseignants " (fondation MGEN/Education nationale, taux de réponse : 53 %). Outre des questions sur leur environnement de travail et leur santé, ces enseignants ont décrit leurs éventuels congés-maladie depuis la rentrée : durée, type et raisons médicales. Ces informations auto-rapportées ont été confortées par des données administratives disponibles dans les bases ministérielles, et redressées par pondération afin d’être extrapolables à l’ensemble des enseignants français. Des modèles Tobit ajustés sur des facteurs individuels d’ordre privé ont permis d’investiguer différents facteurs de risque professionnels des congés-maladie des enseignants, en tenant compte à la fois de l’effet estimé sur la probabilité de recours et sur la durée des congés. Plus d’un enseignant sur trois (36 %) rapportaient avoir eu au moins un jour de congé-maladie depuis le début de l’année scolaire. Les affections respiratoires et ORL se plaçaient au premier rang des raisons médicales du recours (37 %). Cependant, et parce que la durée du congé dépend étroitement du problème de santé le motivant, ce type d’affections n’arrivaient qu’en troisième position des justifications des jours de congés-maladie pris (14 %), loin derrière les affections de l’appareil locomoteur d’une part (27 %), et les affections neurologiques et psychiques d’autre part (25 %). Certains facteurs professionnels significativement associés au risque de congés-maladie dans les modèles Tobit seraient accessibles à la prévention, notamment une demande psychologique élevée, la violence au travail et un contexte socio-environnemental défavorable. En conclusion, cette étude permet d’objectiver la problématique des congés-maladie chez les enseignants français et appuie l’intérêt de réaliser des actions afin de minimiser leur poids. Dans cette visée, elle met en lumière l’importance de tenir compte, non seulement du recours aux congés-maladie, mais également de leur durée.

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