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Troubles de la voix chez les enseignants français : prévalence, facteurs associés et retentissement sur le bien-être au travail et la qualité de vie.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 77, n° 4, septembre 2016, pp. 650-664, ill., bibliogr.
Les enseignants seraient particulièrement à risque de souffrir de troubles vocaux, mais en France, peu de données existent. L’objectif de cette étude a été d’évaluer la prévalence des troubles vocaux chez les enseignants français, d’en déterminer les facteurs associés et d’explorer le retentissement de ces troubles sur le bien-être. Dans l’enquête postale nationale « Qualité de vie des enseignants » (fondation MGEN/éducation nationale, n =2 653), les troubles vocaux ont été évalués au moyen de trois indicateurs : handicap vocal (Voice Handicap Index-10 items), impossibilité de faire cours à cause d’un problème de voix depuis le début de l’année scolaire, au moins une consultation d’un professionnel de santé pour un problème vocal. Dans des modèles multivariés, différents facteurs de risque personnels, professionnels et environnementaux ont été examinés et le retentissement potentiel des troubles vocaux sur le bien-être au travail (burnout, absentéisme, satisfaction professionnelle) et la qualité de vie globale (questionnaire WHO-Quality of life-BREF) ont été explorés. Les résultats ont montré que 13 % des enseignants présentaient un handicap vocal modéré à sévère, 16 % avaient été dans l’impossibilité de faire cours à cause d’un problème de voix depuis le début de l’année scolaire et 23 % avaient déjà consulté pour un problème de voix. Après ajustement, les facteurs significativement associés aux trois indicateurs de troubles vocaux étaient : le sexe féminin, une demande psychologique élevée, avoir été victime de violence psychologique au travail et à deux indicateurs sur trois : l’âge, la pollution ressentie de l’environnement de vie et une origine sociale des élèves défavorisée. Les enseignants souffrant de troubles vocaux étaient moins satisfaits de leur vécu professionnel et de leur qualité de vie. Cette étude permet d’objectiver la problématique des troubles vocaux chez les enseignants français et appuie l’intérêt de réaliser des actions de prévention et de promotion de la santé dans cette population.