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L'encéphalopathie toxique chronique provoquée par l'utilisation de solvants : dix ans d'expérience autour d'un diagnostic difficile.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 70, n° 5, octobre 2009, pp. 494-501, ill., bibliogr.
En Belgique, l'encéphalopathie toxique chronique (ETC) due à l'utilisation des solvants est reconnue comme maladie professionnelle depuis 1998. Des patients avec ETC se présentent avec une série de symptômes et de plaintes vagues, qui peuvent être provoqués par de multiples autres maladies internes, neurologiques ou psychiatriques. Dans cet article, est formulée une démarche pour diagnostiquer l'ETC. Entre 1998 et 2008, 203 cas ont été référés au centre d'expertise de neuropsychologie et neurotoxicologie (OPZ), avec l'hypothèse d'ETC. Ces cinq dernières années, il y avait en moyenne une trentaine de nouveaux patients avec des symptômes évoquant une diminution de l'attention, des troubles de mémoire, de la fatigue, des changements de personnalité et des plaintes qui ressemblent à la dépression. Après consultation de la littérature et en se basant sur leur expérience, les auteurs ont construit quatre clefs de voûte pour aboutir au diagnostic de l'ETC. Premièrement, il faut être sûr de l'importance de l'intensité et de la durée de l'exposition. Deuxièmement, l'anamnèse doit révéler dès le début de l'exposition des symptômes narcotiques et irritatifs. Plusieurs années plus tard apparaissent les symptômes chroniques, parfois d'abord de manière fluctuante avant de devenir persistants. Troisièmement, l'anamnèse et les tests doivent exclure les autres diagnostics différentiels et enfin, quatrièmement, les tests neuropsychologiques servent aussi à objectiver les plaintes. En conclusion, supprimer l'exposition aux solvants chez les patients ETC avérés est obligatoire pour arrêter la progression de la maladie, mais cette prévention est également de rigueur lorsque le diagnostic reste incertain malgré l'application de la démarche "des quatre clefs de voûte". Cette attitude pourra contribuer ainsi à limiter l'irréversibilité et le handicap réel de cette pathologie.