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Effet protecteur de l'activité physique sur le stress professionnel : prise en compte des différents facteurs de variation du stress.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 66, n° 5, novembre 2005, pp. 427-437, ill., bibliogr.
Une enquête multicentrique par questionnaires menée avec la collaboration de 76 médecins du travail volontaires exerçant en entreprises sur les deux tiers des départements français a cherché à identifier les facteurs professionnels du stress et à mettre en évidence l'effet protecteur de la pratique d'une activité physique et sportive (APS) sur le stress au travail. Après tirage au sort, les salariés étaient interrogés lors de la consultation de médecine du travail périodique. Le stress professionnel, comme les différents facteurs susceptibles de l'influencer, relatifs aux conditions de travail, au vécu du travail et aux traits de personnalité, étaient évalués à partir de différents questionnaires. L'activité sportive a été évaluée sur le caractère régulier et sur le volume de pratique. Au total le questionnaire comprenait 173 questions, auxquelles s'ajoutait un questionnaire à remplir par le médecin, permettant d'apprécier 5 critères codés de 0 à 3 : consommation d'alcool, tabagisme, condition physique, stress et catégorie d'APS pratiquée. Ces facteurs ont été traités par analyses multivariées. L'effet protecteur de l'activité physique sur le stress a été étudié par régression logistique. Les résultats vérifient la validité des stresseurs externes classiques, événement de vie, charge de travail, latitude de décision (confirmant le modèle du stress professionnel de Karasek), et des stresseurs internes (neuroticisme, faible capacité d'adaptation (coping) et personnalité de type A et avec "locus de contrôle" externe). Ayant pris en compte ces facteurs, l'étude démontre un effet protecteur (odds-ratio de 0,74) de l'activité physique régulière vis-à-vis du stress professionnel. Cet effet est du même ordre que celui obtenu par la pratique régulière d'une activité de loisir quelle qu'elle soit. Le fait de pratiquer plus de 3 heures par semaine n'apporte pas de bénéfice supplémentaire par rapport à une pratique d'1 heure par semaine. Il n'existe pas de relation dose - effet pratique d'activité physique - réduction du niveau de stress, ce qui pourrait exclure a priori un mécanisme purement physiologique. Il faudrait donc voir dans ces résultats un mécanisme psychologique donnant toute son importance à la capacité à prendre du recul vis-à-vis de ses problèmes, à savoir garder du temps pour soi, pour son plaisir, à savoir nouer et maintenir des relations sociales élargies en dehors du cadre de travail. Il apparaît possible de prescrire une activité physique pour réduire le niveau de stress. Elle devra être d'intensité modérée et pratiquée régulièrement une heure à trois heures par semaine. Il s'agit là d'une mesure préventive simple, non coûteuse et applicable à tous. L'observance sera d'autant plus grande qu'on aura laissé à chacun le temps et le choix d'une activité plaisante, ludique, et si possible réalisée entre amis, ce qui en favorisera la pérennisation.