Evaluation de l’exposition des travailleurs au bruit en considérant l’atténuation fournie par les protecteurs auditifs. Avis scientifique.


Brochure | 2654

MARTIN R. | FORTIER P. | SASSINE M.P.

Edition : Québec (Canada), Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 2020, 7 p., ill., bibliogr.


Actuellement, il n’y a aucune preuve scientifique permettant de déterminer une valeur limite d’exposition au bruit qui tiendrait compte de l’atténuation des protecteurs auditifs individuels (serre-tête, bouchons d’oreilles), principalement en raison de l’absence de moyen valide pour évaluer l’exposition des travailleurs au bruit dans pareille situation. La recension des écrits et des pratiques sur l’évaluation de l’exposition des travailleurs au bruit montre qu’aucun indicateur ou outil n’est présentement disponible pour mesurer avec exactitude l’exposition résiduelle au bruit sous le protecteur auditif tel que porté et lorsque porté par le travailleur à son poste de travail. Les études rapportent que l’atténuation du bruit par les protecteurs peut varier de façon significative d’un travailleur à l’autre et, chez un même travailleur, elle peut fluctuer dans le temps et dans l’espace et même d’une oreille à l’autre. Cette atténuation est aussi tributaire de plusieurs facteurs touchant l’ajustement du protecteur, tels son usure, son déplacement en plus de la variation des niveaux de bruit et du spectre sonore (contenu fréquentiel). Ces facteurs augmentent la difficulté d’obtenir une mesure de l’exposition valide. Quant aux systèmes de mesure personnalisée de l’atténuation fournie par les protecteurs auditifs (« fit-test system ») actuellement commercialisés, ils montrent une utilité dans la formation des travailleurs. Cependant, ces systèmes ne peuvent refléter de manière fiable ni l’atténuation, ni l’exposition résiduelle au bruit sous le protecteur en situation réelle de travail. Ainsi, la détermination d’une valeur limite d’exposition au bruit qui tiendrait compte de l’atténuation fournie par les protecteurs auditifs individuels, par exemple dans une norme réglementaire, ne peut être réalisée de façon valide, même si la réglementation européenne (directive 2003/CE/10, article 3, paragraphe 2) stipule que « pour l’application des valeurs limites d’exposition, la détermination de l’exposition effective du travailleur au bruit tient compte de l’atténuation assurée par les protecteurs auditifs individuels portés par le travailleur ». De plus, aucune preuve scientifique ne permet d’estimer la pertinence d’une telle pratique pour la prévention de la surdité professionnelle.

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