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Risque, fraction étiologique et probabilité de causalité en cas d'expositions multiples. 1 : l'approche théorique.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 64, n° 3, mai 2003, pp. 129-140, ill., bibliogr.
Le but de cette étude était d'estimer le rôle respectif de chaque nuisance en cas d'expositions multiples, dans l'apparition d'une pathologie. La méthode consistait à analyser les étapes de la démarche d'imputabilité pour préciser la probabilité de l'origine professionnelle d'une affection. La probabilité de causalité est, pour un individu, le pourcentage de malchance que sa maladie soit survenue à cause de son exposition. Elle nécessite de déterminer l'augmentation du risque en fonction de la dose de chacune des substances prise isolément, de connaître l'effet conjoint des substances sur le risque, puis de quantifier pour un sujet donné ses expositions, afin d'estimer les rôles respectifs de chacune des nuisances. Cette approche individuelle, statistique, se différencie de la notion épidémiologique de la fraction étiologique. Les relations dose-réponse et les interactions entre substances déterminent le calcul de la probabilité de causalité. Ce calcul ne suscite pas de difficulté en cas de risques additifs. En cas d'interaction non additive entre nuisances (multiplicative ou intermédiaire), le calcul de la probabilité doit tenir compte de toutes les expositions. Une probabilité pondérée par les risques respectifs de chaque nuisance est proposée. La probabilité de causalité en cas d'exposition unique et la probabilité pondérée en cas d'expositions multiples sont des concepts théoriques indispensables pour l'élaboration des critères de reconnaissance des maladies professionnelles. Les apports de l'épidémiologie sur les relations dose-effet et sur les interactions entre nuisances sont fondamentaux. L'approche épidémiologique doit être distinguée de l'approche statistique, individuelle. Cela explique qu'en cas de risques multiplicatifs, négliger une des expositions n'est pas justifié scientifiquement, mais parfois socialement accepté. L'objectif de cette approche théorique est d'accroître la cohérence de la reconnaissance des maladies professionnelles. Les applications doivent rester prudentes du fait des incertitudes des relations dose-effet et des incertitudes des quantifications des expositions.