A propos de situations urgentes en santé au travail.


Article

LOCHER F. | CHAUVET M. | CIOTTA M. | COLIN J. | ET COLL.

Publié dans : CAMIP. Info. Revue de la santé au travail, n° 3, juillet-septembre 2016, 15 p., ill., bibliogr.

Ont été qualifiées d’« urgentes » les situations justifiant la réalisation, dans un délai très court, d’un acte dont l’absence de mise en œuvre aurait eu immanquablement des conséquences graves. Ce qui fonde le caractère urgent d’une situation est bien le risque inhérent à l’absence de réactivité ou à un délai trop long de mise en place d’une action correctrice, impliquant alors la notion de perte de chance. Le but de cette étude était, à partir d’indicateurs, d’effectuer un repérage des situations nécessitant une réponse urgente et de leurs conséquences sur le travail des équipes pluridisciplinaires. Il s’agissait d’une enquête descriptive transversale par questionnaire anonyme standardisé auprès des personnels de santé de l’ACMS. Au premier semestre 2015, 218 questionnaires ont été recueillis et analysés. Les situations urgentes ont été identifiées par l’équipe santé travail dans 53,7 % des cas et par l’entreprise ou ses salariés dans 45,9 % des cas. La demande de rendez-vous est motivée dans 30,2 % des situations par une urgence médicale et dans 22,2 % par une urgence psychologique. Les situations urgentes « psychologique (individuelle) » (32,1 %), « médicale » (26,6 %) et « psychosociale (collective) » (13,3 %) étaient les plus fréquentes. Mais la part des signalements de danger grave et imminent en milieu de travail (11,9 %) était loin d’être anecdotique. L’équipe santé travail a été informée majoritairement de la situation urgente par un appel téléphonique (39,8 %). Le délai d’intervention était le plus souvent de quelques minutes (71,6 %). Le temps consacré à traiter la situation était très variable, se répartissant de façon homogène entre moins de 30 minutes et une demi-journée. Dans près d’un quart des cas (23,4 %), le suivi ultérieur immédiat de l’urgence a dépassé une journée. Une fois sur dix (8,2 %), le professionnel a dû modifier complètement le déroulé de sa journée de travail. Plus d’une fois sur deux (54,6 %), la situation urgente a mobilisé au moins un autre professionnel de l’équipe. Des personnes extérieures au service de santé ont été sollicitées près d’une fois sur trois (30,7 %). La notion « d’urgence » s’entend bien au-delà de la prise en charge immédiate d’une urgence médicale et de l’organisation des secours. Tous les professionnels des services de santé au travail sont concernés. Cette étude ponctuelle questionne l’organisation du fonctionnement des équipes et l’adaptation de leurs pratiques professionnelles. Elle s’inscrit dans le projet du service. Même si les situations urgentes ne constituent pas leur cœur de métier, les équipes y sont confrontées et participent ainsi à la responsabilité sociale du service de santé au travail.

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