Travail en horaires décalés sur plateforme aéroportuaire pour les personnels au sol.


Article

BELLIER S. | BRIET M. | CHAIX S. | COLIN J. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 78, n° 2, avril 2017, pp. 137-146, ill., bibliogr.

Les horaires décalés concernent environ 60 % des personnels travaillant au sol sur la plateforme aéroportuaire d’Orly. Nombreux sont les salariés demandant des aménagements d’horaires par intercession du médecin du travail. Le but de cette étude était de décrire les horaires décalés de travail, leurs effets sur la santé, la sécurité, le retentissement psychosocial et de comparer par ailleurs « horaires décalés réguliers » (HDR) et « horaires décalés irréguliers » (HDI). Il s’agissait d’une enquête descriptive transversale par auto-questionnaire anonyme standardisé renseigné par le salarié au centre médical. Entre janvier et septembre 2014, 203 questionnaires valides ont été analysés. L’échantillon était majoritairement masculin (63 %), avec une moyenne d’âge de 36,5 ans. Deux tiers travaillaient en HDI. Les activités professionnelles se répartissaient de la manière suivante : sûreté (81,6 %), escale (70 %), restauration (65,2 %), logistique piste (58,1 %). Un tiers des répondants rapportait des troubles du sommeil (32,8 %), près de 40 % s’estimaient stressés du fait de leur travail (38,5 %) et deux tiers témoignaient d’un impact négatif sur l’organisation familiale (66,1 %). Près de 15 % déclaraient des assoupissements fréquents pendant le travail et deux tiers évoquaient un risque accru d’accident du travail. L’analyse multivariée retrouvait, comme facteurs de risque des troubles du sommeil, le travail en HDI (OR 1,4) et le week-end et/ou les jours fériés (OR 8,2), l’âge supérieur à 30 ans (OR 1,6), les difficultés d’arrangements de planning avec les collègues (OR 1,8). Pour l’impact sur l’organisation familiale, ressortaient à nouveau le travail en HDI (OR 2,1) et le week-end et/ou les jours fériés (OR 4,8), mais aussi la présence d’enfants au foyer (OR 3,6) et l’imprévisibilité du planning de travail (OR 2,3). En conclusion, et malgré une puissance statistique modeste, cette étude permet de documenter les liens entre horaires décalés de travail, retentissement sur la santé et impact psychosocial. Les répercussions des horaires de travail décalés sont multiples. La variante « irrégulière » en majore les effets néfastes.

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