Critères visuels d'aptitude à la conduite des trains en Europe.


Article

COURTOIS L.E. | COTHEREAU C. | BREZIN A.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 7-8, décembre 2004, pp. 571-579, ill., bibliogr.

À la demande de l'Union internationale des services médicaux des chemins de fer (UIMC), une étude a été conduite pour faire l'état des lieux des pratiques d'évaluation des critères visuels d'aptitude de maintien au poste de conducteur de train et analyser les différences européennes. L'objectif était de proposer des recommandations concernant ce thème. Un questionnaire a permis de recueillir les critères visuels d'aptitude au maintien pour les conducteurs de trains de 20 réseaux. L'acuité visuelle est estimée par tous les pays. La moitié teste l'acuité visuelle de loin par l'échelle de Snellen. Tous les pays autorisent le port des lunettes de correction, mais 1/3 interdisent l'utilisation de lentilles de contact. Les minimums diffèrent d'un réseau à l'autre et certains n'ont pas de minimum. La somme de la vision des deux yeux varie de 0,5 à 1,6. Les maximums de correction autorisés pour la correction de la myopie vont de -8 à -3 dioptries, de +2 à +8 dioptries pour l'hypermétropie et de +1 à +5 dioptries pour l'astigmatisme. Quatre réseaux ne disposent pas de maximum pour la myopie et l'hypermétropie et 9 n'ont pas de règle pour l'astigmatisme. La vision intermédiaire n'est jamais testée en dehors de deux réseaux. La vision de près est testée dans la majorité des réseaux (selon l'âge pour un pays). Le champ visuel est testé manuellement par la majorité des réseaux. Pour ceux qui utilisent un test automatique, seuls 4 ont des critères spécifiques d'aptitude. Pour les autres, il suffit d'avoir un champ visuel normal. La vision des couleurs est estimée à l'aide des planches d'Ishihara pour 16 réseaux sur 20. Les critères d'aptitude sont différents d'un réseau à l'autre. En cas d'erreur, 3 réseaux complètent par l'utilisation d'un test professionnel. Les autres tests (sensibilité au contraste, résistance à l'éblouissement et vision crépusculaire) sont peu utilisés. Il s'agissait de la première étude européenne faisant le point sur les critères visuels d'aptitude pour les conducteurs de trains. Les résultats ont montré une grande hétérogénéité quant aux critères requis, méthode, norme et interprétation. Il n'y a pas d'évidence scientifique liée à l'élaboration des critères. La littérature est pauvre sur ce thème. Les résultats pourraient résulter de l'utilisation de simulateurs de conduite. Il apparaît important de disposer de critères visuels ne reposant plus sur des bases empiriques mais sur de véritables études. Ceci nécessite temps et effort, mais c'est un préalable indispensable à la mise en place d'une réglementation européenne, réduisant ainsi les discordances entre pays européens.

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