Evaluation de l'incidence du harcèlement moral probable dans des petites et moyennes entreprises (PME) de l'Ile-de-France. Etat des lieux et actions de médecins du travail.


Article

ALCOUFFE J. | ARNAUD-THUILLIER H. | GOZLAN-SAVARO M. | HAYS G. | ET COLL.

Publié dans : Cahiers de médecine interprofessionnelle, vol. 44, n° 4, 2004, pp. 445-458, ill., bibliogr.

Les objectifs de cette étude étaient de rechercher l'incidence annuelle des cas de harcèlement moral probable dans des PME d'Ile-de-France, de décrire les salariés, leur environnement professionnel, l'attitude du médecin du travail et du salarié face au harcèlement, et la situation au moment du recueil des données. Une enquête prospective historique des cas, repérés entre le 2 avril 2002 et le 30 mars 2003 a été menée, où le médecin du travail estimait être en présence d'un cas de harcèlement moral probable. 138 médecins volontaires surveillant un total de 357 596 salariés ont eu connaissance de 552 nouveaux cas de harcèlement moral probable dans l'année d'étude. Ils ont complété 518 questionnaires anonymes exploitables. L'incidence annuelle était de 0,15 %. Ces salariés étaient à 73 % des femmes, d'un âge moyen de 41 ans, vivant en couple dans 63 % des cas et ayant au moins un enfant pour 66 % d'entre eux. Un tiers avait fait des études supérieures, un autre tiers avait le niveau secondaire, et 20 % avait le niveau baccalauréat. Il s'agissait surtout d'employés (65 %), en CDI (98 %), avec plus de 5 ans d'ancienneté pour 50 % d'entre eux. Le harcèlement était vertical descendant (93 %), durait depuis moins d'un an dans 75 % des cas et associait plusieurs modalités dont : atteinte à la dignité, surveillance persécutive des faits et gestes et isolement du salarié. Face au harcèlement, les salariés avaient consulté un médecin généraliste (77 %) et/ou un spécialiste (34 %). Ces consultations étaient suivies d'un arrêt de travail (68 %) et de la prise de médicaments (64 %). Ils avaient fait une démarche après de leur employeur (47 %) et/ou saisi l'inspection du travail (32 %). Les médecins du travail avaient revu le salarié plusieurs fois (76 %), pris contact avec l'employeur (34 %), avec la hiérarchie ou la DRH (37 %), effectué une étude de poste (33 %). Les médecins ont prononcé une inaptitude totale temporaire (26,4 %) ou totale définitive à tous les postes de l'entreprise (18,4 %). Lors du recueil des données, la moitié des salariés étaient encore présents dans l'entreprise et 24 % étaient perdus de vue. Le harcèlement semblait s'être calmé (40 %) mais perdurait dans 28 % des cas. En conclusion, les auteurs soulignent que malgré une incidence faible (0,15 %), le harcèlement moral avait des conséquences graves pour la santé et l'emploi des salariés. Une approche pluridisciplinaire est selon eux nécessaire pour aborder le problème dans l'entreprise et le replacer dans le champ du travail.

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