0 avis
Nocca, l'outil nordique pour mieux prévenir les cancers.
Article
Publié dans : Santé et travail, n° 101, janvier 2018, pp. 46-47, ill., bibliogr.
Le recours au « big data » reste sous-développé en santé au travail, alors même que la question prend de l’importance en santé publique. Pour combattre l’invisibilité des cancers professionnels et favoriser leur prévention, des chercheurs nordiques ont développé Nocca (pour Nordic Occupational Cancer), un outil statistique permettant de lier pathologies et conditions de travail. A l’origine du projet, un article publié en 1999 (indexé INRSbiblio 00057139) par six chercheurs animés par une volonté de lutter contre les inégalités sociales. Cet article passait en revue un million de cas de cancer diagnostiqués au cours des décennies 1970 et 1980 dans leurs quatre pays, en établissant l’incidence de chaque cancer par profession. Pour l’ensemble des cancers, les variations selon le métier allaient du simple au double chez les hommes, et étaient de l’ordre de 1,5 parmi les femmes. Pour certains types de cancer, l’activité professionnelle pouvait multiplier le risque par dix. Les recherches se sont poursuivies depuis la parution de l’article, sur 5 pays (les 4 pays d’origine et l’Islande), avec l’examen de 2,8 millions de cas, l’étude prenant en compte 15 millions de personnes âgées de 30 à 64 ans durant les décennies 1960, 1970, 1980 et 1990. Les variables utilisées pour l’analyse statistique étaient les suivantes : le sexe, la localisation du cancer, le pays et la profession du patient. Nocca met en évidence les liens importants entre conditions de travail et cancer. Les croisements de données ont permis à la fois de confirmer des associations connues mais également de mettre en évidence des associations statistiques non connues. Des matrices professions/expositions ont été mises au point afin de faciliter l’interprétation de ces associations statistiques. Il serait intéressant de généraliser ce système à l’ensemble de l’Union Européenne.