Carbon disulfide potentiates the effects of impulse noise on the organ of Corti.


(Le disulfure de carbone potentialise les effets du bruit impulsionnel sur l’organe de Corti).


Article

CARRERES PONS M. | CHALANSONNET M. | VENET T. | THOMAS A. | NUNGE H. | MERLEN L. | COSNIER F. | CAMPO P. | ET COLL.

Publié dans : NeuroToxicology, Etats-Unis, vol. 59, mars 2017, pp. 79-87, ill., bibliogr. (En anglais)

En milieu professionnel, l’exposition des salariés au bruit peut générer des troubles de l’audition parfois plus importants lorsque celui-ci est associé à un solvant ototoxique. Les solvants aromatiques sont connus pour générer des pertes auditives mais peu de données existent quant aux effets du disulfure de carbone (CS2) lorsqu’il est associé à du bruit. La co-exposition du CS2 avec du bruit pourrait être dommageable pour l’audition mais les mécanismes impliqués ne sont pas connus. Compte tenu des données disponibles dans la littérature, on peut considérer que le CS2 n’a pas d’effet au niveau cochléaire mais serait à l’origine de perturbations au niveau rétro-cochléaire. En d’autres termes, le CS2 pourrait générer une neuropathie distale au niveau de la voie auditive. Par ailleurs, aucune action pharmacologique du CS2 au niveau du système nerveux central (SNC) n’a été décrite dans la littérature. L’objectif de cette étude est d’évaluer au niveau périphérique, l’effet d’un bruit de nature différente (continu versus impulsionnel) associé à du CS2 délivré à une faible concentration (10 fois la valeur limite d’exposition professionnelle court-terme). Quel que soit sa nature, le bruit se caractérise par une octave centrée autour de 8 kHz, et le CS2 est généré à 250 ppm selon un mode intermittent, avec six périodes de 15 minutes pendant 6 heures durant 5 jours consécutifs. L’étude de l’impact de ces différentes conditions expérimentales sur la cochlée est réalisée en utilisant les produits de distorsion acoustique et en effectuant des analyses histologiques. Bien que la valeur de la limite d’exposition professionnelle au bruit sur 8 heures (LEX, 8h) pour le bruit impulsionnel soit moins intense (84 dB SPL) que celle pour le bruit continu (89 dB SPL), il est observé plus de dommages avec le bruit impulsionnel qu’avec le bruit continu, au niveau de l’organe de Corti et notamment au niveau des cellules ciliées externes. L’exposition au CS2 seul ne crée pas de dommages au niveau de l’organe de corti mais la co-exposition du CS2 avec un bruit continu semble être moins dommageable pour la cochlée que lorsque le bruit continu seul est administré. Par contre, les effets combinés bruit impulsionnel et CS2 sont plus traumatisants pour la cochlée que lorsque le bruit impulsionnel seul est administré. Par conséquent, le CS2 pourrait moduler le fonctionnement du réflexe de l’oreille moyenne. En fait, le CS2 pourrait avoir deux effets distincts selon les conditions expérimentales utilisées. Il pourrait, avec un bruit continu, avoir un effet pharmacologique au niveau du SNC en modifiant le seuil de déclenchement du réflexe acoustique et il pourrait rendre plus vulnérable l’organe de Corti lorsque celui-ci est exposé à un bruit impulsionnel. Les effets pharmacologiques du CS2 sur le SNC ainsi que ses effets sur l’organe de Corti sont discutés afin de tenter d’expliquer les effets des solvants sur l’audition. Par ailleurs, les résultats obtenus dans cette étude montrent une fois de plus que la nature du bruit (continu versus impulsionnel) est un paramètre important à prendre en considération dans l’établissement d’une réglementation relative au bruit.

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