Evaluation du risque chimique résultant de la contamination accidentelle d’un laboratoire de biologie.


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MAISANT S.C. | HASNI-PICHARD H. | LANGRAND J. | CAVEZZA S. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 76, n° 3, juin 2015, pp. 262-268, ill., bibliogr.

Les situations de pollution de l’air intérieur en milieu professionnel sont susceptibles de mettre en difficulté l’entreprise et le médecin du travail. L’évaluation des risques chimiques peut paraître complexe, mais est à la portée de tout professionnel de santé à condition de suivre une démarche rigoureuse multi-étapes, comme celle présentée ici. Le but de cette étude était d’évaluer rétrospectivement le risque chimique encouru par les personnels situés au-dessus d’un laboratoire de chimie, consécutive à un défaut de conception du système de ventilation. La pollution a duré 3 ans avant d’être découverte à l’occasion de plaintes olfactives. Les personnels exposés, le médecin du travail et la direction de l’établissement étaient très préoccupés des risques pour la santé, certains des contaminants impliqués ayant une toxicité élevée. En collaboration avec les personnels concernés et les acteurs de l’entreprise (direction, médecin du travail, ingénieur de sécurité), une démarche d’évaluation du risque en plusieurs étapes a été réalisée : recensement des nuisances, choix des traceurs pertinents, identification des dangers des traceurs, choix des effets critiques, choix d’une valeur de référence, évaluation des expositions des salariés par mesurage, caractérisation des risques par comparaison des mesurages résultats aux valeurs de référence. Dans le cas présenté, la démarche a permis la sélection de traceurs de la pollution : acétone, acrylate d’éthyle, acrylamide, chloroforme. Les valeurs de références sélectionnées pour chaque traceur ont été le seuil olfactif, la valeur limite d’exposition professionnelle et la valeur de référence en population générale ajustée à l’exposition professionnelle. La reconstitution de l’exposition a été maximaliste. Aucune des expositions évaluées ne dépassait les valeurs de référence pour la protection de la santé ; la concentration d’acrylate d’éthyle dépassait le seuil olfactif, ce qui expliquait les plaintes olfactives. Cette évaluation a été réalisée en moins de 4 mois avec la collaboration active de toutes les parties concernées. Elle a démontré l’absence de risque sanitaire préoccupant. La mise en oeuvre rapide et collaborative de cette démarche d’évaluation objective a permis, au moins autant que ses résultats favorables, de faire disparaître les tensions générées par cette pollution accidentelle, mais prolongée. Cette démarche d’évaluation a permis une évaluation du risque chimique rapide et d’une relative facilité, elle peut servir d’exemple reproductible dans des situations similaires, réputées à tort difficiles à aborder.

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