Risques psychosociaux et système japonais de prévention des risques au travail.


Brochure

LEROUGE L.

Edition : Université Montesquieu - Bordeaux IV, Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale (Comptrasec, UMR CNRS 5114, avenue Léon Duguit, 33608 Pessac Cedex), 2013, 58 p., ill., bibliogr.


L’expression risques psychosociaux déroute certains acteurs du système de santé sécurité au travail au Japon. Les syndicats, le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales ainsi que les avocats ne sont pas accoutumés à la notion et n’envisagent que les questions de karôshi, de karojisatsu et de harcèlement (Power Harassment). En revanche, les psychiatres et les psychologues parlent plus facilement de santé mentale au travail et de facteurs de risques psychosociaux, surtout ceux ayant une expérience internationale. Cela montre que les autorités et les acteurs de la prévention des risques professionnels au Japon ne se concentrent que sur une approche individuelle du problème. En ne concevant pas véritablement pour le moment la reconnaissance de la question de la santé mentale au travail ou encore plus largement les risques psychosociaux et les rapports de la personne à l’environnent de travail, l’approche japonaise restera purement individuelle et ne traitera pas le problème de fond de la relation entre organisation du travail et santé mentale des travailleurs. La solution n’est pas de traiter ou de réparer les problèmes et les dommages au cas par cas selon les cas individuels, mais bien d’envisager une politique de prévention à l’échelle collective. Seulement une petite partie des enquêtes en cas de suicide (menées par la police) révèle un lien déterminant entre le suicide et le travail. En conséquence, tous les suicides potentiellement causés par le travail ne sont pas reconnus comme tels, en outre, toutes les familles ne portent pas forcément plainte ou ne demandent pas la reconnaissance du caractère de maladie professionnelle. Le Japon a néanmoins le mérite de disposer de statistiques depuis plusieurs années sur le sujet que la France ne possède pas. L’analyse comparée avec le système français permettra d’insister sur la priorité à faire au suicide lié au travail et aux problèmes liés au surmenage. L’importance considérable du collectif, l’impact de l’augmentation de la précarité et la mort causée par la surcharge de travail font du Japon un pays spécifique au regard des risques psychosociaux, mais dont l’expérience est aussi symptomatique du contexte actuel du travail. Toutefois, si le Japon connaît des spécificités qui peuvent intégrer la catégorie des risques psychosociaux, en revanche, ces risques sont encore faiblement pris en compte par le droit du travail et de la prévention. Le traitement de la problématique est encore très marqué par une orientation visant la compensation en vertu du droit de la sécurité sociale.

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