Effets toxiques aigus lors d'une exposition collective à la créosote chez 57 dockers.


Article

LADHARI N. | EN SALAH F. | BEN AMOR A. | SAFI D. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 69, n° 4, septembre 2008, pp. 623-630, ill., bibliogr.

Ce travail rapporte les effets aigus sur la santé d'une exposition collective à la créosote de goudron de houille qui s'est produite au mois de mai 2005 dans un port de marchandises en Tunisie et qui a concerné 57 dockers travaillant dans une société d'acconage et de manutention. Le recueil des données s'est fait à partir des dossiers médicaux des victimes ayant consulté au dispensaire local de la société, au service des urgences d'un hôpital régional et au service de pathologie professionnelle d'un centre universitaire. Quelques victimes ont été par ailleurs appelées par téléphone pour affiner certaines informations manquantes. L'intoxication a concerné tous les dockers (57, soit 100 %) ayant participé au déchargement d'un navire contenant plus de 1000 tonnes de traverses en bois créosotées destinées à la construction de voies ferrées. Le déchargement s'est déroulé au cours d'une journée ensoleillée et chaude (température assez élevée atteignant les 32°C). L'âge moyen des victimes était de 28 ans avec des extrêmes de 21 et 42 ans et l'ancienneté professionnelle moyenne était de deux ans et demi (extrêmes trois mois et 20 ans). Les symptômes se sont révélés après un délai maximal de 24 heures après le début de l'exposition. Les manifestations cliniques observées étaient de type cutané chez la totalité des victimes (57 dockers, soit 100 %), ORL chez la majorité des victimes (55, soit 96,5 %), oculaire chez 49 dockers (86 %), respiratoire chez 28 dockers (49,1 %), digestif chez 22 dockers (38,6 %) et neurologique chez 7 dockers (12,3 %). Les lésions cutanées et oculaires étaient d'emblée maximales et limitées aux zones photoexposées, ce qui a fait évoquer en premier lieu une atteinte phototoxique pour la plupart des victimes. Chez 13 victimes (22,8 %), le tableau clinique était typiquement celui d'un "coup de soleil". L'évolution après éviction et sous traitement symptomatique était favorable pour la totalité des victimes avec une disparition complète des manifestations cliniques en moyenne après quatre jours (entre un et 16 jours). L'étude de poste de travail réalisée au cinquième jour après l'accident a confirmé l'origine toxique de ces manifestations, qui étaient en rapport avec l'exposition à la créosote. L'aspect huileux des traverses et le dépôt de quantités importantes de créosote au fond de la cuve ont fait évoquer un traitement récent des traverses par cette substance. Ce travail permet de souligner l'importance et la diversité des manifestations cliniques liées à une exposition aiguë et massive à la créosote de goudron de houille ainsi que le rôle majeur joué par l'ensoleillement dans la survenue des lésions phototoxiques.

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