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Intoxication mortelle par le chlorure de méthylène lors du décapage de bois et métaux. Données cliniques et métrologiques, revue de la littérature.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 63, n° 5, septembre 2002, pp. 382-387, ill., bibliogr.
Le but de cet article était d'exposer une observation d'intoxication mortelle par le chlorure de méthylène lors de travaux de décapage, discuter le mécanisme d'action toxique et alerter sur les dangers du solvant dans ce secteur d'activité. Un artisan décapeur de 44 ans est retrouvé en état de mort apparente, affalé sur une cuve de décapant à peintures contenant plus de 80 % de chlorure de méthylène, les avant-bras et le haut du crâne immergés dans le liquide. Malgré une réanimation initiale transitoirement efficace, l'évolution est rapidement défavorable avec décès dans un tableau de collapsus réfractaire et de défaillance multiviscérale. L'autopsie a mis en évidence des lésions non spécifiques de congestion viscérale diffuse ; elle n'a relevé aucune autre cause (traumatisme, pathologie préexistante) pouvant expliquer le décès. L'enquête et la métrologie conduites sur place ont objectivé des concentrations de solvant atteignant 15 000 ppm au-dessus de la cuve. Une revue de la littérature montre que les morts toxiques dues au chlorure de méthylène ne sont pas exceptionnelles. Elles sont la conséquence d'une narcose, la biotransformation en monoxyde de carbone ne jouant qu'un rôle marginal. Leur prévention passe par une meilleure compréhension des dangers aigus de ce solvant, sans commune mesure avec ses risques à terme. Seul le port d'une cagoule à adduction d'air est à même de garantir la sécurité et la santé des opérateurs lors des interventions sur les cuves de décapage.