Evaluation des bioaérosols et des composés gazeux émis lors des compostages de résidus agroalimentaires et résidentiels.


Etude et rapport | R-960

MARCHAND G. | BONIFAIT L. | VEILLETTE M. | PEPIN C. | ET COLL.

Edition : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST, 505 boulevard de Maisonneuve Ouest, Montréal, Québec H3A 3C2, Canada), 2017, 87 p., ill., bibliogr.


Au cours des dernières années, la conscience écologique des populations a influé sur des comportements favorisant le développement durable et permettant la préservation à long terme de l’environnement comme le compostage. De par sa nature, le compostage nécessite l’action des micro-organismes. A chaque phase de compostage correspondent des populations de micro-organismes caractéristiques et, par conséquent, des émissions de bioaérosols qui leur sont propres. Plusieurs gaz peuvent également être présents dans l’air ambiant lors des activités de compostage. Les travailleurs de ces milieux peuvent donc être exposés à des agents chimiques et biologiques. L’objectif de cette étude était de comparer les concentrations des contaminants présents dans l’air ambiant de trois sites de compostage traitant des matières organiques différentes (c’est-à-dire des résidus organiques triés à la source provenant d’une collecte à trois voies, des fumiers provenant d’une ferme de bovins laitiers ainsi que des carcasses et des tissus animaux provenant d’une ferme porcine) et d’en estimer les risques pour la santé. Des différences sur le plan des concentrations et des types de contaminants ont été observées dans les centres étudiés tant au regard des micro-organismes que des composés gazeux. Cette étude a permis de montrer que le compost favorise l’activité biologique en produisant une augmentation significative des concentrations de micro-organismes cultivables dans l’air ambiant des centres de compostage. La méthode de la réaction de polymérase en chaîne (PCR) a permis de démontrer la présence de Legionella spp et pneumophila dans l’air d’un des centres, celle de Saccharopolyspora rectivirgula lors de quelques interventions et la présence soutenue des Mycobacterium spp dans l’ensemble des centres de compostage. Ces résultats démontrent que les analyses de biologie moléculaire à l’aide de marqueurs spécifiques peuvent avoir un apport important en matière d’évaluation du risque microbien. L’utilisation de ces marqueurs pourrait permettre une évaluation rapide, spécifique et mieux ciblée du risque microbiologique des centres de compostage. L’évaluation de la biodiversité a permis d’établir l’existence d’une aérosolisation préférentielle du phylum Actinobacteria et du genre Mycobacterium spp. Cela signifie que bien qu’elles ne soient pas les bactéries les plus nombreuses dans la composition du compost, leur présence dans l’air par rapport aux autres groupes microbiens semble favorisée. L’étude de la granulométrie des particules a permis de démontrer que les diamètres aérodynamiques des particules fluorescentes et totales étaient inférieurs à 10 microm. Ces deux types de particules ont donc la capacité de pénétrer profondément dans les poumons. Le pH et la teneur en eau sont les seuls paramètres permettant d’établir un lien avec les concentrations de contaminants microbiens. L’exposition des travailleurs du compost aux micro-organismes et aux gaz est démontrée. Bien que la durée de l’exposition soit limitée dans la majorité des cas, une protection respiratoire est souhaitable.

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