Intérêt d’une prise en charge concertée de salariés rachialgiques par un service de santé au travail et un service de rééducation et réadaptation fonctionnelle.


Article

JEGADEN D. | PERON J. | BIANCO S. | DAVION M. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 77, n° 4, septembre 2016, pp. 623-635, ill., bibliogr.

Les douleurs rachidiennes constituent un problème majeur de santé au travail et occasionnent un coût économique et social considérable pour la société. Ce travail présente les résultats sur quatre années d’une prise en charge conjointe des rachialgiques chroniques par un service de santé au travail en Iroise (STI, Brest) et le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Perharidy à Roscoff (Finistère, France). Le principe du modèle s’appuie sur le dépistage par le médecin du travail et selon un protocole précis des salariés présentant une rachialgie chronique (supérieure à 3 mois), et ayant un retentissement manifeste sur leur poste de travail. Le dossier est ensuite étudié lors d’un staff commun médecin du travail/médecin de médecine physique et de réadaptation. Une prise en charge par le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle est alors proposée (ou non) au salarié, ainsi qu’une étude ergonomique de son poste de travail. Une évaluation à un an du staff est systématique. Les résultats des tests (Oswsetry Disability Index [ODI], tests HADS et Karasek) sont comparés au moment du staff et à 1 an. Cent quatre-vingt-trois salariés ont été présentés au staff entre 2010 et 2013, avec évaluation à 1 an. Quatre-vingt-dix ont été réellement pris en charge par le centre de rééducation. Soixante et onze salariés ont été revus à l’évaluation à 1 an, 18 ont été déclarés inaptes sans reprise du travail et 7 ont été perdus de vue. Au bout d’un an, 78,9 % des sujets pris en charge sont au travail, alors qu’ils n’étaient que 55,7 % au moment de la prise en charge. On note que 67,9 % des sujets revus à 1 an se considèrent en amélioration clinique, 75 % ont été reconnus en qualité de travailleur handicapé. Leur score ODI a été en moyenne amélioré de 10 points et leur profil psychologique est également amélioré en termes de niveau d’anxiété et de dépression. Le modèle est comparé à d’autres types de prises en charge, notamment le modèle de Sherbrooke. Les auteurs confirment l’intérêt d’une prise en charge multidisciplinaire sur le modèle biopsychosocial et les premiers résultats publiés sont plutôt bons par rapport aux autres expériences, bien que la comparaison soit souvent difficile. Par contre, on ne retrouve pas de bénéfice manifeste dans l’adaptation ergonomique du poste de travail, comme dans d’autres études. Le bénéfice du réentraînement à l’effort est confirmé. La prise en charge globale des rachialgiques par la porte d’entrée du service de santé au travail et par une relation étroite avec un centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, dans le cadre d’un protocole bien défini, donne des premiers résultats encourageants, mais des améliorations sont encore possibles, en particulier dans le rapprochement entre ergonomes et ergothérapeutes afin d’optimiser l’adaptation des postes de travail.

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