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Asthme professionnel aux produits de pyrolyse des matières plastiques dans une entreprise de fabrication de masques de protection respiratoire. A propos de deux cas.
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Publié dans : Revue française d'allergologie, vol. 52, n° 7, novembre 2012, pp. 474-479, bibliogr.
Le processus de fabrication de masques adsorbant des gaz et des vapeurs acides, fait appel à de nombreuses matières premières notamment des polyoléfines (polyéthylène/polypropylène), mais également au charbon activé. Ainsi, lors du procédé de fabrication de ces masques, ces polyoléfines qui sont des résines thermoplastiques produites à partir d’éthylène (polyéthylène) ou de propylène (polypropylène) seront soumises à des températures élevées (>300°C), vont se dépolymériser et émettre des vapeurs contenant des aldéhydes notamment du formaldéhyde, qui sont aussi bien irritants que sensibilisants respiratoires. Le but de cette étude était d’examiner les déterminants environnementaux de deux cas d’asthme survenant au cours du travail dans l’industrie de fabrication de masques. Il s’agissait d’une étude anamnestique, fonctionnelle, allergologique et environnementale de deux cas survenus dans une entreprise de fabrication de masques de protection respiratoire contre les gaz acides et les vapeurs organiques, ayant consulté au service de médecine du travail et des maladies professionnelles du centre hospitalier universitaire Rabta de Tunis, entre 2007 et 2009. Les deux cas avaient un âge moyen de 39,5 ans, une ancienneté moyenne dans l’entreprise de 20 ans et une ancienneté moyenne dans le poste de fabrication de masques de 5 ans avec un terrain atopique confirmé, et ont consulté pour une symptomatologie asthmatique apparue quelques mois après la mise en place de l’unité de fabrication de masques. L’exploration fonctionnelle a objectivé un syndrome obstructif réversible dans le premier cas et un test d’hyperréactivité bronchique non spécifique positif dans le second cas. L’étude de poste a révélé que la matière première des masques était composée notamment de polyoléfines et de charbon activé générant un dégagement perceptible de vapeurs au poste de thermoformage des masques à une température de 384°C. Au vu de ces données environnementales, le diagnostic d’asthme professionnel a été posé dans les deux cas. Etant donné que ce processus de thermoformage à 384°C permet la libération des produits de pyrolyse des matières plastiques et donc de plusieurs substances allergisantes et irritantes dont essentiellement le formaldéhyde, ce dernier a été retenu par présomption comme étant l’agent étiologique commun aux deux cas d’asthme. Cet asthme professionnel est aggravé par les poussières de charbon activé, connu à haut pouvoir irritant et pouvant expliquer le prurit généralisé constamment rapporté. Les risques liés aux émissions des dégradations thermiques des polyoléfines justifient une surveillance clinique très utile dans de nombreux cas. Dans l’entreprise objet de l’étude, des mesures de prévention ont été recommandées, notamment une meilleure hygiène des locaux et une meilleure aspiration à la source au poste de thermoformage des masques.