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Du bon usage de la messagerie électronique professionnelle chez les salariés utilisateurs réguliers en Ile-de-France.
Article
Publié dans : CAMIP. Info. Revue de la santé au travail, (e-revue), n° 4, octobre-décembre 2012, 11 p., ill., bibliogr.
Le but de cette étude était d’évaluer le volume de courriels reçus et envoyés, les délais et moyens utilisés, l’existence d’une formation et de règles d’utilisation de la messagerie électronique, le vécu professionnel et l’état psycho-émotionnel des utilisateurs. Il s’agissait d’une enquête épidémiologique par questionnaire standardisé, appliqué aux utilisateurs réguliers d’une messagerie électronique professionnelle, lors d’un examen médical périodique du 7 au 25 mars 2011. Le questionnaire comportait une évaluation du stress perçu au moyen d’une échelle visuelle analogique (EVA) et de l’état psycho-émotionnel par l’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression scale). Les 1 381 questionnaires exploités ont été saisis par 57 enquêteurs. L’échantillon était constitué de 53 % d’hommes et 47 % de femmes, (âge moyen 40 ans) dont 61 % étaient cadres. Les nombres moyens quotidiens de courriels étaient 24 reçus et 26 rédigés. 25 % des utilisateurs jugeaient insuffisants les délais pour agir ou répondre aux courriels. Seuls 18 % avaient bénéficié d’une formation à l’utilisation de la messagerie. Près de 40 % signalaient l’existence de règles d’utilisation. Le niveau moyen de stress perçu mesuré à l’aide de l’EVA était de 30 mm. Avec un seuil de stress à plus de 60 mm, l’échantillon comprend 13 % de « stressés ». L’existence d’une symptomatologie anxio-dépressive (HAD globale) est retrouvée chez 23,3 % des utilisateurs. Les facteurs liés à la présence de troubles anxio-dépressifs sont : le statut d’agent de maîtrise ou d’employé (OR 1,85), le délai insuffisant pour répondre ou agir (OR 2,13), l’absence de formation (OR 2,03), les interruptions trop fréquentes dans le travail (OR 1,88). Les facteurs liés à la présence de stress perçu (EVA) sont : le délai insuffisant pour répondre ou agir (OR 2,21), la difficulté de traitement des courriels (OR 1,96). Plus que le volume de courriels envoyés ou reçus, c’est le manque de temps pour les traiter et les interruptions qu’ils provoquent dans les activités programmées, qui semblent les plus préjudiciables. La difficulté de rédaction de certains courriels vient ajouter au désagrément. Bien que la messagerie ait modifié les relations interpersonnelles dans l’entreprise, l’influence de la position socioprofessionnelle persiste dans l’état psycho-émotionnel des utilisateurs (agents de maîtrise et employés). La prévention du mal-être des utilisateurs passe par la formation aux fonctionnalités de l’outil et par une action sur l’organisation du travail : effectuer une juste évaluation de la charge de travail afin d’allouer un temps suffisant pour traiter et rédiger les courriels, limiter les interruptions intempestives du travail.