Que penser de l'uranium sous forme appauvrie ?


Article

LAROCHE P. | AMABILE J.C. | BOHAND S. | CASTAGNET X. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 70, n° 4, septembre 2009, pp. 447-455, ill., bibliogr.

A la suite des conflits du Golfe, de Bosnie, et du Kosovo, et d'une action médiatique vigoureuse, et afin de permettre à chacun d'avoir les éléments pour faire une évaluation correcte du risque présenté par l'uranium appauvri, le service de protection radiologique des armées (SPRA) a établi un article de synthèse bibliographique sur ce sujet. L'étude des effets sanitaires de l'uranium appauvri montre que les risques liés à la manipulation d'uranium naturel sont connus. La manipulation de l'uranium, naturel ou appauvri, fait l'objet d'une réglementation appliquée en milieu industriel, impliquant la surveillance médicale des travailleurs. Aucune pathologie spécifique liée à cette manipulation n'a été démontrée. À ce jour, les études consécutives à l'emploi de munitions contenant de l'uranium appauvri, notamment au cours du conflit du Golfe, n'ont pas permis de mettre clairement en évidence des pathologies spécifiques à l'uranium appauvri. L'uranium est un élément naturel universellement répandu dans les sols, les roches, l'eau et l'alimentation. L'uranium est dit appauvri lorsque son taux en isotope 235 est inférieur à la teneur naturelle (moins de 0,7 % en masse). Si l'on considère la radioactivité alpha, l'uranium appauvri est d'une façon générale moins radioactif que l'uranium naturel. Sa toxicité chimique est identique à celle de l'uranium naturel. Dans l'uranium appauvri, l'U-238 est toujours associé à ses deux descendants à vie courte, le thorium 234 et le protactinium 234, qui sont des émetteurs à la fois bêta et gamma faciles à détecter. Les autres descendants présents dans l'uranium naturel n'apparaîtront en filiation que dans plusieurs milliers d'années. L'uranium pénètre dans l'organisme par les voies digestives (ingestion), respiratoires (inhalation) ou percutanées. Il est ensuite transféré dans le sang et peut persister longtemps dans l'organisme (jusqu'à dix ans). Il est éliminé par voies urinaire et digestive. Il ne passe pas dans la moelle osseuse. Le devenir biologique de l'uranium est variable selon la voie de transfert à l'homme et sa forme chimique (métal, oxyde ou sel). Le rein, le squelette, le poumon sont les principaux organes cibles. La toxicité de l'uranium est avant tout chimique et a pour organe cible principal le rein.

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