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Les micronoyaux, un biomarqueur de susceptibilité ?
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 69, n° 3, juillet 2008, pp. 475-484, ill., bibliogr.
La participation des environnements, professionnels ou non, dans le processus de cancérogenèse est de mieux en mieux établie. La meilleure connaissance de l'implication des agents environnementaux et de leurs différents modes d'action dans les étapes d'initiation, de promotion, puis de progression précise le rôle des agents génotoxiques dans la survenue de cancers à participation environnementale. L'objectif de cette synthèse est de reconsidérer l'application du test des micronoyaux à la surveillance biologique des expositions professionnelles à des environnements potentiellement cancérogènes et de repréciser la situation de ce test en termes de prévention/prédiction/susceptibilité du risque cancérogène. Les données les plus récentes de la littérature ont été utilisées afin de rappeler dans un premier temps les connaissances les plus actuelles en terme de cancérogenèse à participation environnementale, et de resituer le test des micronoyaux au regard de son association avec l'exposition à des agents cancérogènes et avec le risque de cancer. Le recours à des biomarqueurs dans une stratégie raisonnée de prévention des cancers professionnels fait souvent appel au test des micronoyaux réalisé sur des lymphocytes périphériques binucléés en culture. Ce test, employé depuis plus de 20 ans dans de nombreuses études de biosurveillance, a récemment fait l'objet d'une analyse approfondie dans le cadre du "human micronucleus (HUMN) project". Ses sources de variabilité sont de mieux en mieux établies, et il a été récemment démontré qu'une fréquence élevée de micronoyaux était associée à un risque accru de cancer, indépendamment de l'exposition. En conclusion, il semblerait que les micronoyaux soient davantage un biomarqueur capable de rendre compte de différences interindividuelles dans la réponse à une exposition génotoxique et se situeraient davantage parmi les biomarqueurs de susceptibilité au cancer.