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Intensité du travail et mobilité professionnelle.
Article
Publié dans : Travail et emploi, n° 113, janvier-mars 2008, pp. 59-73, ill., bibliogr.
Partant du double constat de la rapide intensification du travail observée au cours des années 80 et 90 et de la difficulté qu'il peut y avoir à soutenir un travail intense, les auteurs examinent le lien qui existe entre les contraintes de rythme vécues dans le travail et les changements de situation professionnelle. A la lumière de la littérature, ils formulent l'hypothèse d'un double effet de l'intensité du travail sur les carrières : positif pour les salariés qui ont les moyens de faire face aux contraintes subies, négatif pour les autres. L'enquête sur la Formation et qualification professionnelle (FQP), qui comporte un calendrier professionnel sur 5 ans et un questionnement rétrospectif sur les conditions de travail, a permis de vérifier empiriquement cette hypothèse. Les auteurs trouvent, en effet, que les contraintes de rythme sont associées à des mobilités plus nombreuses et qu'elles contribuent à une certaine divergence des carrières. En conclusion, si la forte intensité du travail ne semble pas avoir d'effet uniformément néfaste sur les carrières, elle paraît bien associée à une plus grande incertitude et à une polarisation marquée des trajectoires. Ces résultats font écho au lien positif observé entre intensité et souffrance au travail dans des études antérieures. Si le travail lui-même crée de l'insécurité, aucun dispositif d'encadrement du marché du travail n'est susceptible de protéger efficacement les individus. Plus largement, ces résultats semblent poser la question du caractère soutenable des organisations du travail intensives non pas seulement pour les individus, mais pour la société dans son ensemble.