Les métiers "de deuxième ligne" de la crise Covid-19 : quelles conditions de travail et d’emploi dans le secteur privé ?


Etude et rapport | Numéro 246

AMOSSE T. | BEATRIZ M. | ERHEL C. | KOUBI M. | ET COLL.

Edition : Paris, Ministère du Travail, Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), mai 2021, 48 p., ill., bibliogr.


En France, hors professions médicales, ce sont 4,6 millions de salariés du secteur privé, appartenant à 17 professions, qui ont continué à travailler sur site durant la crise sanitaire pour continuer à apporter à la population les services indispensables à la vie quotidienne, avec un risque potentiel d’exposition au Covid-19. Les métiers sont divers : ouvriers (dans l’agriculture et les industries agro-alimentaires, le bâtiment, la manutention), conducteurs, bouchers, charcutiers, boulangers, vendeurs de produits alimentaires, caissiers de la grande distribution, agents du nettoyage et de la propreté, de l’aide à domicile, de la sécurité. Indépendamment de leur exposition possible et des difficultés rencontrées pendant la crise sanitaire, ces travailleurs de la deuxième ligne souffrent d’un déficit global de qualité de l’emploi et du travail, observable avant la crise à partir d’un ensemble de sources statistiques concernant six dimensions : salaires et rémunérations ; conditions d’emploi ; conditions de travail ; horaires et conciliation vie familiale-vie professionnelle ; formation et trajectoires professionnelles ; dialogue social. En moyenne, ces travailleurs sont deux fois plus souvent en contrat court que l’ensemble des salariés du privé, perçoivent des salaires inférieurs de 30 % environ, ont de faibles durées de travail hebdomadaires (sauf les conducteurs), connaissent plus souvent le chômage et ont peu d’opportunités de carrière. Ils travaillent dans des conditions difficiles, sont exposés plus fréquemment à des risques professionnels et ont deux fois plus de risque d’accident, mais ne montrent guère plus d’insatisfaction que les autres salariés du privé et possèdent un fort sentiment d’utilité de leur travail. Ces métiers présentent par ailleurs un niveau très élevé de ségrégation par genre et apparaissent très hétérogènes dans leurs conditions de travail et d’emploi, de sorte que ce diagnostic global doit être sensiblement nuancé selon les professions considérées, qui n’éprouvent pas les mêmes difficultés.

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