La controverse sur les effets des faibles doses de rayonnements ionisants et la relation linéaire sans seuil.


Article

TUBIANA M. | MASSE R. | VATHAIRE F. de | AVERBECK D. | ET COLL.

Publié dans : Radioprotection, vol. 42, n° 2, avril-juin 2007, pp. 133-161, bibliogr.

Si la publication 99 de la CIPR et le BEIR VII recommandent de maintenir l'usage d'une relation linéaire sans seuil (RLSS) pour estimer l'excès de risque relatif de cancer lié à de faibles doses de rayonnements ionisants (RI), le rapport conjoint de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine (2005) conclut qu'elle conduit à une forte surestimation des risques des faibles et des très faibles doses. Les fondements de la RLSS sont remis en question par de nouvelles données biologiques et de l'expérimentation animale qui montrent que la défense contre les RI met en jeu le micro-environnement cellulaire et le système immunitaire, et que les mécanismes de défense contre les faibles doses de RI sont différents et plus efficaces. Ces cellules lésées par une irradiation à faible dose sont éliminées ; la réparation s'impose à forte dose pour préserver les fonctions tissulaires. Les organismes pluricellulaires réalisent ainsi une défense au moindre coût et au moindre risque contre les RI et les dégâts du métabolisme oxydatif. Les différences entre les défenses contre les faibles et fortes doses sont particulièrement nettes dans le cas de contamination par des émetteurs alpha qui montrent chez l'homme et l'animal des effets à seuil de plusieurs grays. Ces différences remettent en question les résultats des études épidémiologiques qui, pour des raisons de puissance statistique, estiment les risques en fusionnant des données obtenues pour des gammes de doses très étendues, ce qui sous entend implicitement que les mécanismes de cancérogenèse sont similaires quelle que soit la dose. L'estimation des risques des faibles doses de RI doit reposer sur des études spécifiquement limitées aux faibles doses, avec une évaluation précise de facteurs de confusion potentiels. La synthèse des études de cohorte pour lesquelles on dispose des coefficients de risque fondés sur les seules doses inférieures à 100 mSv chez l'adulte ne montre pas d'excès de risque relatif significatif, ni pour les tumeurs solides ni pour les leucémies.

Suggestions

Du même auteur

La relation dose-effet et l'estimation des effets cancérogènes des faibles doses...

Etude et rapport | TUBIANA M. | 2005

Les risques cancérogènes d'une exposition aux rayonnements ionisants ont été estimés par de nombreuses études épidémiologiques entre 0,2 et 5 Sv. Mais le domaine des doses qui concerne la santé humaine est généralement beaucoup pl...

Epidémiologie et rayonnements ionisants.

Article | GOLDBERG M. | 1994

Au sommaire de ce numéro supplémentaire : épidémiologie et rayonnements ionisants : quelques aspects méthodologiques ; les rayonnements : niveaux et doses dans la vie quotidienne ; cancers du sein et leucémies après irradiation ; ...

Le béryllium et ses accidents. Revue générale.

Etude et rapport | CEA-R-4815 | STANISLAS G. | 1977

La bérylliose chronique constitue une pathologie possédant une grande similitude lésionnelle avec la sarcoïdose. Il est possible de reproduire expérimentalement, chez certains animaux de laboratoire, des lésions analogues. Ce trav...

Chargement des enrichissements...