Des résistances autour du temps de travail : le cas des caissières d'un hypermarché.


Extrait de : ABALLEA F. (Ed) ; LALLEMENT M. (Ed). Relations au travail, relations de travail.


Acte congres

BERNARD S.

Edition : Octarès Editions (24 rue Nazareth, 31 000 Toulouse), 2007, 305 p., pp. 129-136, bibliogr.


Le travail des caissières d'hypermarchés appartient à la fraction de l'activité tertiaire décrite comme marquée par une stratégie de rationalisation industrielle ou encore d'industrialisation du service. Cette stratégie permettrait de transformer le service en quasi-produit et faciliterait la mesure et l'évaluation de ce dernier. L'activité des caissières semble, en effet, présenter toutes les caractéristiques d'une tâche répétitive et continue. Mais s'il est vrai qu'une large partie de l'activité est standardisée, une autre partie échappe à la rationalisation de la production. Les caissières disposent de marges de manœuvre dans l'organisation de leur temps de travail. Cette contribution rapporte les résultats d'une enquête de terrain effectuée durant 6 mois dans un hypermarché de la banlieue parisienne dont l'objectif était de mettre en évidence les formes de résistance mises en œuvre par les caissières à l'imposition d'un rythme de travail intensif. Après avoir présenté les répercussions de l'informatisation du poste de travail sur le rythme de travail des caissières, l'auteur constate que l'accélération de ce dernier n'est pas obligatoirement appréhendée : elle peut être vécue sous la forme d'une " frénésie au travail ". Les caissières ne sont pas entièrement soumises à un rythme de travail qui leur serait imposé. Au fil du temps, elles acquièrent des " compétences incorporées " qui leur permettent élaborer des stratégies pour ménager leur effort, élargir leur autonomie ou encore pour manifester leur mécontentement, en accélérant démesurément leur rythme de travail de sorte que le client est rapidement débordé. On voit donc que la qualité du service dépend de la capacité des caissières à la réinterprétation et à la réappropriation des consignes standardisées, données par la direction.

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