0 avis
Cancer de vessie et expositions professionnelles : étude cas-témoins multicentrique en Ile de France. Thèse pour le doctorat en médecine, DES de médecine du travail.
Etude et rapport
Edition : Université Pierre et Marie Curie, Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière, sl, 2005, 144 p., 1 annexe non paginée, ill., bibliogr.
La vessie est un organe cible majeur pour de nombreux agents cancérogènes environnementaux (principalement la fumée de tabac) ou professionnels, utilisés ou produits au cours des processus industriels. La cancérogenèse des tumeurs vésicales est également soumise à l'influence de facteurs de susceptibilité génétique individuels. Le cancer de vessie est au 2e rang des cancers professionnels incidents derrière les cancers bronchopulmonaires professionnels aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. En France, le nombre de cancers de vessie d'origine professionnelle reconnus en maladie professionnelle dans le régime général de la sécurité sociale sous-estime largement le nombre de cancers de vessie attribués à une origine professionnelle. Après avoir abordé les aspects anatomo-cliniques et épidémiologiques, les facteurs environnementaux et professionnels, et les facteurs de susceptibilité, cette thèse présente et discute les résultats préliminaires d'une étude cas-témoins multicentrique francilienne sur les cancers de vessie. Cette étude a pour objet de préciser la fréquence des étiologies professionnelles connues des cancers de vessie, la distribution des situations d'exposition dans les secteurs d'activité et les postes de travail concernés, et de formuler, le cas échéant, de nouvelles hypothèses étiologiques. L'analyse préliminaire des résultats a été effectuée sur 232 cas incidents de cancers de vessie masculins diagnostiqués par un examen anatomopathologique et 232 sujets témoins masculins appariés sur l'âge, recrutés entre 1998 et 2004 dans 5 services d'urologie franciliens. Cette étude a permis de mettre en évidence des excès de cancer de vessie significatifs en fonction du tabagisme cumulé avec une relation dose-effet. Parmi les expositions professionnelles évaluées, elle met en évidence après ajustement sur l'âge et le tabagisme cumulé, une relation dose-effet pour la probabilité d'exposition aux HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques). Le risque de cancer de vessie augmente avec le score d'index d'exposition cumulée aux HAP. En revanche, elle n'a pas montré de relations dose-effet pour les expositions aux amines aromatiques et aux nitrosamines après ajustement. 14 professions à risque élevé de cancer de vessie ont été observées (ingénieur mécanicien, conducteur et chauffeur de locomotives, conducteur de véhicules à moteur, conducteur d'engins de terrassement ou de manutention, mécanicien de véhicules à moteur, conducteur de machines ou d'installations fixes sans précisions, conducteur de machines outils et d'usinage, tôlier chaudronnier, charpentier, menuisier et parqueteur, dessinateur, technicien du génie civil, orfèvre joaillier, peintre, et compositeur typographe), ainsi que 5 secteurs d'activité (industrie du bois, industrie de construction de moyens de transport terrestres, aériens et maritimes, industrie du verre, de la porcelaine et de la faïence, secteur des transports routiers de marchandises et du secteur de la restauration et débits de boissons). Au total, les données recueillies suggèrent que les expositions professionnelles aux nitrosamines et aux amines aromatiques connues pour leur pouvoir cancérogène pourraient être aujourd'hui maîtrisées en Ile-de-France, et montrent qu'en revanche, une relation entre exposition aux HAP et cancer de vessie a été identifiée. Ceci justifie d'approfondir l'étude des situations d'exposition pour proposer des plans de prévention spécifiques. En outre, une réflexion étiologique spécifique et des mesures de prévention ad hoc devraient être mises en oeuvre vis-à-vis des professions et secteurs d'activité identifiés en excès.