Evaluation de l'impact du jeûne du mois du Ramadan sur la charge physique de travail.


Article

KHALFALLAH T. | CHAARI N. | HENCHI M.A. | ABDALLAH B. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 65, n° 7-8, décembre 2004, pp. 564-570, ill., bibliogr.

Les habitudes de vie des musulmans changent de façon importante durant le mois du Ramadan. Ces changements concernent en particulier les habitudes alimentaires et de sommeil, qui peuvent avoir des répercussions sur le travail. Une étude comparative de la charge physique de travail a été menée, pendant et en dehors du Ramadan, par un enregistrement continu de la fréquence cardiaque pendant le travail auprès de 148 travailleurs d'une entreprise de l'industrie du bois répartis en 10 ateliers. L'étude s'est déroulée en deux périodes allant de la fin du mois de novembre 2001 à janvier 2002 ; la première au cours du mois du Ramadan et la deuxième un mois plus tard. Les résultats ont permis de constater que la charge physique de travail est plus élevée pendant le mois du Ramadan. Ainsi, le travail est codifié plus lourd durant ce mois selon l'échelle de pénibilité de Chamoux. Les principaux facteurs de charge pendant le Ramadan sont liés aux postes de travail et aux modifications des habitudes alimentaires et du sommeil. En effet, il a été démontré que l'inversion chronobiologique des habitudes nutritionnelles est à l'origine de plusieurs troubles fonctionnels, notamment gastro-intestinaux. D'après cette étude, 84,6 % des travailleurs exposés à un travail qualifié de pénible ayant un coût cardiaque relatif (CCR) > 20 % se plaignent de troubles digestifs. De même, les céphalées, la somnolence et les troubles digestifs ne se réunissent que chez les salariés ayant un CCR > 20 %. Il a également été constaté que l'heure du dernier repas (ou shour) influence le niveau de la charge de travail. En effet plus le shour se fait à une heure précoce, plus la charge cardiaque est élevée. Outre ces modifications alimentaires, des perturbations du sommeil ont été fréquemment rapportées au cours du Ramadan. La durée du sommeil a été inférieure à 6 heures chez 66 % de la population d'étude. Cette réduction de la durée de sommeil est un facteur de pénibilité majorant l'astreinte cardiaque au travail pendant le Ramadan. Une relation inversement proportionnelle entre la durée du sommeil et le CCR a été démontrée. Au terme de cette étude une stratégie d'aménagement organisationnel du rythme de travail et l'éducation nutritionnelle et comportementale pendant le mois du Ramadan semblent être nécessaires.

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