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Evaluation des risques psychosociaux dans le secteur de la grande distribution en Tunisie.
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Est Publié dans : Santé publique, vol.31 n°3, mai-juin 2019, pp.443-450, ill., bibliogr.
L’identification des facteurs de risques psychosociaux dans le secteur de la grande distribution est primordiale dans la mise en place d’une démarche de prévention adaptée à ce secteur. Le but de cette étude était d’évaluer les contraintes psychosociales chez les salariés d’une chaîne de grande distribution. Il s’agissait d’une enquête transversale descriptive portant sur des salariés d’une chaîne de grande distribution. L’étude s’est basée sur un questionnaire recueillant les caractéristiques socioprofessionnelles des salariés et l’administration du questionnaire de Karasek. L’effectif des salariés ayant participé à l’enquête était de 245 salariés. Il se caractérisait par un âge moyen de 32,4 ± 6,4 ans et un sexe-ratio de 0,84. L’ancienneté moyenne au poste de travail était de 6,3 ans (min. = 1 an ; max. = 18 ans). Les salariés étaient mariés dans 56,7 % des cas avec un nombre d’enfants à charge supérieur ou égal à deux retrouvé chez 60 % de l’effectif. Les employés étaient les plus représentés (56 %) ; les caissiers et les directeurs de magasin représentaient respectivement 24,5 et 19,5 %. Les résultats de l’étude montrent qu’une tension au travail (job strain) était observée dans 28,2 % des cas. Elle variait significativement avec l’ancienneté au poste de travail (p = 0,03 ; coefficient de corrélation = 0,15). Les employés et les caissiers représentaient les postes les plus exposés. Les contractuels étaient 17 % à subir une situation de tension au travail, contre 31 % des salariés ayant un contrat à durée indéterminée (CDI) (p = 0,04). Une forte demande psychologique a été retrouvée dans 48,2 % des cas. Les salariés travaillant dans les supermarchés étaient plus exposés que ceux travaillant dans les supérettes (p < 0,001). Une faible latitude décisionnelle a été retrouvée dans 61,2 % des cas. Elle était plus importante chez les salariés en CDI (p = 0,01). Un soutien social faible a été retrouvé dans 65,3 % des cas. Une situation d’isostrain (isolement) était observée dans 20 % des cas. En conclusion, l’évaluation objective des risques psychosociaux permet de cibler les catégories professionnelles vulnérables, et d’élaborer un plan d’action permettant des interventions dans le but de réduire les effets du travail sur la santé mentale.
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