Efficacité du "débriefing psychologique" dans la prévention des troubles psychologiques post-traumatiques.


Article

AULAGNIER M. | VERGER P. | ROUILLON F.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 52, n° 1, février 2004, pp. 67-79, ill., bibliogr.

L'impact psychologique d'un événement traumatique se caractérise fréquemment par une réaction de stress aiguë pouvant s'organiser par la suite en syndrome de stress post-traumatique. Le « débriefing psychologique » a été proposé afin de prévenir ou de réduire les symptômes d'état de stress post-traumatique. Bien que largement utilisé actuellement, son efficacité préventive est débattue. Cet article constitue une revue des études évaluant l'efficacité du débriefing psychologique dans la prévention de l'état de stress post-traumatique (ESPT) et des troubles associés chez l'adulte. Une recherche bibliographique a été réalisée sur les bases de données MEDLINE (1966-2001), PASCAL (1987-2001), EMBASE (1988-2001), FRANCIS (1984-2001) et SCIENCEDIRECT (1967-2001). Les études étaient sélectionnées sur les critères suivants : population d'adultes, une seule séance de débriefing psychologique dans le mois suivant la catastrophe, présence d'un groupe contrôle, effectifs d'au moins 20 sujets par groupe, évaluation des troubles psychologiques par des instruments standardisés dans un délai de plus d'un mois après le traumatisme. Sur 29 études répertoriées, 8 répondaient aux critères de sélection. Quatre ne montrent pas d'effet de l'intervention ; 3 suggèrent des effets négatifs de l'intervention sur l'ESPT et 1 étude suggère un effet positif du débriefing psychologique sur les symptômes anxio-dépressifs et d'alcoolo-dépendance. Le débriefing psychologique implique, par un processus de remémoration, une ré-exposition au traumatisme et peut interférer avec les processus émotionnels de retour à la normale. Certains auteurs suggèrent que le débriefing psychologique pourrait retarder le diagnostic d'état de stress post-traumatique et donc une prise en charge suffisamment précoce. Il est possible que le débriefing psychologique ne soit pas adapté à tous types de traumatismes et de publics. Ses modalités d'intervention (séance unique ou non, durée de l'intervention, formation des personnes le réalisant) sont discutées. Cette revue n'apporte pas d'argument en faveur de l'efficacité préventive du débriefing psychologique, sous la forme d'une session unique. Le concept et les objectifs de ce modèle mériteraient d'être réexaminés. Des évaluations complémentaires sont nécessaires selon une méthodologie rigoureuse.

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