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La mortalité des salariés d'EDF-GDF : disparités socioprofessionnelles et évolution.
Article
Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 51, n° 5, octobre 2003, pp. 481-491, ill., bibliogr.
Deux études réalisées dans les années 1980 et 1990 faisaient état d'une importante sous-mortalité des salariés des entreprises Electricité et Gaz de France (EDF-GDF) par rapport à la population générale française. Ce travail a été fait pour réactualiser ces données pour les années 2000. Cette étude avait donc pour objectifs, par la méthode de standardisation indirecte, de comparer la mortalité des 140 000 salariés en activité à celle de la population française de même âge et sexe pour la période 1997-2001, d'effectuer des comparaisons au sein des entreprises en fonction de critères démographiques et socioprofessionnels, et d'analyser l'évolution de cette mortalité depuis 20 ans. Il s'agissait d'une étude transversale réalisée par le calcul de ratios de mortalité standardisés sur l'âge (SMR). Les résultats surprennent par l'importance de la sous-mortalité observée : SMR toutes causes confondues à 54 % pour les hommes et 58 % pour les femmes. En outre, on constate que cette sous-mortalité s'accentue régulièrement depuis 20 ans, et ce pour la plupart des principales causes de décès (cancers, maladies cardio-vasculaires, accidents). Les tumeurs du cerveau sont la seule localisation où l'on observe une surmortalité (non significative), ce qui soulève des questions étiologiques. Les comparaisons internes aux entreprises démontrent, quant à elles, d'importantes inégalités sociales, dont l'aggravation mérite l'attention (SMR actuel égal à 171 % pour le collège "exécution" et à 50 % pour le collège "cadres", valeurs correspondantes en 1978-82 : 142 % et 65 %). En conclusion, les résultats montrent que toutes les composantes de l'effet du travailleur en bonne santé (niveau et mode de vie, nature des professions exercées, suivi médical, etc.) semblent se conjuguer chez les salariés d'EDF et GDF pour aboutir à une sous-mortalité importante, sans pour autant gommer les inégalités sociales. Cette étude pointe la nécessité d'études comparatives réalisées dans d'autres milieuxprofessionnels et d'études complémentaires concernant les sous-traitants des entreprises.