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Souffrance psychique liée au travail : étude réalisée chez 456 soignants d'un centre hospitalier universitaire.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 64, n° 2, avril 2003, pp. 70-76, ill., bibliogr.
Une enquête de santé mentale a été menée par le service de médecine du travail du personnel d'un centre hospitalier de 4 085 agents non médicaux, l'objectif étant d'apprécier le lien entre souffrance psychique, organisation du travail, relations entre les soignants (2 392 personnes) et certains facteurs extraprofessionnels. L'enquête a été effectuée auprès de 604 soignants sélectionnés par tirage au sort proportionnel (25 %) et stratifié sur les trois catégories de personnel (agents des services hospitaliers (ASH) ; aide soignants (AS) et auxiliaires de puériculture (AP) ; infimières (IDE), sages-femmes (SF) et puéricultrices (P)). Les questionnaires, restitués de manière anonyme, comportaient 46 questions sur les caractéristiques sociales, professionnelles, le vécu au travail, ainsi qu'un questionnaire standardisé de santé mentale (GHQ 12). L'exploitation a été faite sur le logiciel "Epi-Info 6" pour l'analyse univariée et "SPSS version 10" pour la multivariée. 456 questionnaires étaient exploitables (75 % des réponses). L'échantillon comprenait 91 % de femmes, d'âge moyen 38 ans. (42 ASH, 182 AS et AP, 201 IDE, SF et P). C'est ainsi que 30,2 % des soignants présentaient une souffrance psychique (score GHQ > 12). Ces derniers étaient les plus âgés, ils évoquaient avant tout le manque de reconnaissance professionnelle, tant de la part de leurs collègues (p < 0,003) que de leurs supérieurs (p < 0,005). Ils évoquaient également la perte du savoir acquis et l'impossibilité de faire des suggestions sur l'organisation du travail. L'épanouissement dans la vie extra-professionnelle semblait constituer un facteur de protection. En revanche, la souffrance psychique n'était liée ni aux horaires, ni aux services d'affectation ou au grade. Le médecin du travail, observateur privilégié des liens santé travail, doit pouvoir détecter la souffrance des soignants afin d'améliorer le vécu professionnel ; il faudra renforcer leur capacité décisionnelle et agir sur la reconnaissance au travail.