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Audition des salariés des petites et moyennes entreprises (PME) de la région Ile-de-France. Une enquête transversale sur 5 324 salariés tirés au sort.
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Publié dans : Archives des maladies professionnelles, vol. 61, n° 7, novembre 2000, pp. 474-484, ill., bibliogr.
Les buts de cette étude étaient de réaliser un état des lieux de l'audition des salariés des PME de l'Ile-de-France et de rechercher des questions pertinentes pour orienter le dépistage audiométrique des troubles auditifs chez les salariés non exposés professionnellement au bruit. Une enquête épidémiologique descriptive a été réalisée au cabinet médical lors de la visite systématique annuelle auprès d'un échantillon de salariés tirés au sort. Le recueil des données a été effectué par 117 médecins volontaires entre le 11 janvier 1999 et le 31 mars 1999 au moyen d'un questionnaire anonyme standardisé, comportant les résultats d'un examen audiométrique tonal réalisé par le médecin enquêteur sur les fréquences 500, 1 000, 2 000 et 4 000 Hz. Tous les médecins appliquaient la même technique d'audiométrie sur des appareils identiques préalablement ré-étalonnés. L'analyse des données a été comparative entre les hommes et les femmes, puis une régression logistique conditionnelle descendante a été appliquée à l'ensemble de l'échantillon. 5 299 questionnaires ont pu être exploités concernant 3 053 hommes (57,6 %) et 2 246 femmes (42,4 %) d'âge moyen 38 ans. La répartition par sexe des professions était bien représentative des PME d'Ile-de-France. L'audition des hommes était moins bonne que celle des femmes et normale pour 88,6 % des salariés sur les deux oreilles. Une surdité d'un degré déclarable selon le 42e tableau des maladies professionnelles du régime général a été trouvée chez 42 salariés (0,8 %). Les autres salariés (10,6 %) avaient seulement une déficience auditive légère ou moyenne. 144 salariés à audition normale (2,8 %) avaient une perte auditive supérieure à 25 dB sur la fréquence 2 000 Hz susceptible de perturber l'intelligibilité de la parole. Deux des huit questions explorant la gêne auditive semblent avoir un intérêt particulier pour repérer une déficience : le fait de ne pas toujours entendre la sonnerie de la porte ou du téléphone et la tendance à faire répéter les interlocuteurs. Outre l'âge, les autres facteurs associés à une déficience auditive sont les antécédents ORL et l'exposition professionnelle antérieure au bruit. En conclusion, l'audition des salariés des PME d'Ile-de-France est normale pour 88,6 % d'entre eux. Le dépistage audiométrique ne doit pas être systématique mais ciblé sur les sujets de plus de 35 ans, ayant des antécédents ORL, des antécédents professionnels d'exposition au bruit et sur ceux qui n'entendent pas toujours la sonnerie de la porte ou du téléphone. Une perte auditive supérieure à 25 dB sur la fréquence 2 000 Hz, même isolée, justifie une consultation ORL.