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Description de la mortalité des agents et ex-agents de l’administration pénitentiaire entre 1990 et 2008 en France.
Article
Publié dans : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 10, 5 avril 2016, pp. 176-182, ill., bibliogr.
Le fait de travailler en prison représente, pour la majorité des agents de l’administration pénitentiaire (AP), un environnement de travail particulier, avec des nuisances professionnelles spécifiques (stress, sentiment d’insécurité, etc.). Dans cette étude de cohorte, l’Institut de veille sanitaire a analysé les causes de décès des personnes ayant été agent pénitentiaire entre 1990 et 2008, soit plus de 40 000 personnes. Leur mortalité, toutes causes et par cause, a été comparée à celle de la population générale française sur la même période à l’aide de ratios standardisés de mortalité (SMR), prenant en compte l’âge et les années. Les 1 754 décès observés entre 1990 et 2008 représentent une sous-mortalité toutes causes classiquement observée dans les cohortes de travailleurs. Un excès de suicides (+ 21 %) statistiquement significatif est cependant observé chez les hommes. Cette observation est faite entre 1990 et 2008, sans aggravation ou atténuation au cours du temps. L’excès concerne spécifiquement les métiers de surveillant pénitentiaire et d’adjoint technique. Aucune association positive n’a été observée entre les indicateurs professionnels étudiés (type d’établissement, taux d’occupation carcérale) et le risque de suicide. Cet excès de suicide est cohérent avec les données de la littérature. En conclusion, même si les données disponibles ne permettent pas de déterminer dans quelle mesure les facteurs professionnels ont pu contribuer au suicide des agents de l’AP, les résultats renforcent l’intérêt de poursuivre les mesures de prévention, le suivi épidémiologique et des études dans cette population afin de mieux comprendre les causes de cette surmortalité par suicide.