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Manifestations allergiques ou irritatives chez le personnel des laboratoires de préparation et des animaleries d’un institut de recherche.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 75, n° 2, avril 2014, pp. 126-134, ill., bibliogr.
Le personnel de laboratoire de préparation dans les secteurs de recherche cumule des expositions à des produits de nettoyage, à des substances chimiques et au latex ; les animaliers sont exposés aux mêmes nuisances ainsi qu’aux allergènes des animaux de laboratoire. Ces expositions entraînent des symptômes respiratoires, ORL, oculaires ou cutanés de type allergique ou irritatif. L’objectif de cette étude est de déterminer la prévalence de ces symptômes, de documenter la présence d’immunoglobulines E (IgE) spécifiques contre certains de ces allergènes et de décrire les facteurs professionnels associés afin d’améliorer la politique de prévention sur site. Les salariés d’un institut de recherche (n = 131, dont 49 % exposés à des animaux de laboratoire) ont répondu aux questionnaires médical et professionnel sur leurs symptômes, leurs tâches et expositions. Ils ont bénéficié d’une recherche d’IgE spécifiques aux pneumallergènes (Phadiatop) et de dosages d’IgE spécifiques dirigées contre les allergènes d’animaux de laboratoire, le latex et les ammoniums quaternaires (AQ). Des explorations fonctionnelles respiratoires (courbe débit/volume) ont été réalisées ainsi que des mesures de monoxyde d’azote dans l’air exhalé. Soixante-douze salariés (55 %) déclarent au moins un symptôme rythmé par le travail, que ce soit lors de la réalisation des tâches, de la manipulation des animaux et des produits ou du port de gants en latex. La rhinite est le plus fréquent des symptômes (27 %), puis la conjonctivite (23 %), toux sèche (21 %), gêne oropharyngée (14 %), eczéma (11 %) et asthme (2 %). La durée mensuelle des tâches est plus importante chez les salariés symptomatiques. Chez 13 salariés (21 % chez les 63 chez qui le dosage a été fait), des IgE spécifiques d’allergènes d’au moins un animal de laboratoire ont été mises en évidence. Les prévalences d’IgE spécifiques contre le latex d’une part et les ammoniums quaternaires d’autre part sont les mêmes, soit 4 % (n = 5). Le terrain atopique favorise une sensibilisation aux animaux de laboratoire. Les résultats des EFR révèlent un syndrome obstructif dans 6 cas. La concentration de NO exhalé est plus élevée chez les salariés symptomatiques que chez les salariés asymptomatiques. Le personnel est exposé à de multiples nuisances (détergents/désinfectants, produits de préparation de milieux de culture et animaux) qui induisent des effets concomitants, irritatifs et allergiques. Devant cette importante prévalence de symptômes chez des salariés exposés, en particulier la rhinite qui peut précéder le développement d’un asthme, une politique de prévention a été renforcée afin de remplacer, si possible certains produits, de diminuer les niveaux d’exposition aux allergènes et aux irritants, d’améliorer le port des équipements de protection individuelle et l’observance des protocoles d’utilisation des produits détergents/désinfectants et de préparation des milieux de culture.