Souffrance au travail dans un service de réanimation d’un CHRU.


Article

POUGNET R. | DI COSTANZO-POUGNET L. | QUERE S. | KERRIEN M. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 74, n° 3, juin 2013, pp. 271-278, ill., bibliogr.

Le travail en réanimation soumet les agents à de nombreuses contraintes ainsi qu’à des risques, pouvant altérer leur santé physique et mentale. L’organisation du travail peut y favoriser l’émergence de risques psychosociaux. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’état de santé des agents d’un service de réanimation médicale. L’étude était à la fois qualitative et quantitative, conjuguant une partie par entretiens cliniques, individuels et collectifs, et une étude descriptive transversale par auto-questionnaires. Le critère d’inclusion était d’appartenir au service, sans critère d’exclusion. Les entretiens étaient semi-dirigés avec le médecin du travail et la psychologue, sur la base du volontariat. L’auto-questionnaire était anonyme. Il comprenait des informations sur l’agent, le questionnaire Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS), une partie du questionnaire INRS (douleurs, satisfaction matérielle au travail), le Job Content Questionnaire de Karasek et des questions élaborées à partir des entretiens préalables sur la satisfaction au travail. Les questionnaires ont été analysés sur le logiciel Epidata. Pour comparer les variables qualitatives, le test du Khi2 de Pearson ou le test exact de Fisher ont été utilisés, et le test d’analyse de variance ou le test de Kruskall-Wallis l’ont été pour comparer les variables quantitatives. Le taux de participation était de 42,9 %. Il n’y avait pas de différence significative entre l’échantillon et la population source en fonction de l’âge, de l’ancienneté, ou de la profession. Un trouble anxieux était présent chez 47,2 % des agents, significativement plus présent chez les infirmières (p =0,04). Un syndrome dépressif était présent chez 22,2 % d’entre eux ; 5,7 % et 2,9 % et 31,4 % rapportaient prendre respectivement des traitements anxiolytiques, antidépresseurs et des somnifères ; 58,4 % des fumeurs et 69,2 % des consommateurs d’alcool avaient augmenté leur consommation dans l’année écoulée ; 72,2 % étaient en « job strain » ; 14,3 % des agents subissaient des propos vexatoires de leurs collègues. L’étude qualitative a permis de mieux analyser ces résultats : l’évolution des tâches, le conflit éthique et le manque de temps de formation et de doublure pour les nouveaux arrivants participaient à cette souffrance. Une souffrance a été objectivée au sein des agents de ce service de réanimation médicale. La combinaison des études quantitative et qualitative a permis d’en mieux comprendre les déterminants.

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