Influence du ramadan vécu sur la vigilance au travail chez les professionnels de santé au Maroc.


Article

LARAQUI S. | MANAR N. | LARAQUI O. | CAUBET A. | ET COLL.

Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 73, n° 5, novembre 2012, pp. 743-749, ill., bibliogr.

Durant le mois du ramadan, les musulmans adultes s’abstiennent de manger et de boire du lever au coucher de soleil. Leurs habitudes de vie changent à cause des repas tardifs et des veillées nocturnes. Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’influence du ramadan vécu sur la vigilance au travail. Il s’agissait d’une étude épidémiologique transversale et multicentrique qui s’est déroulée en 2010 auprès de 2 171 professionnels de santé travaillant dans des villes du sud, du centre et de l’ouest du Maroc. Le support de l’enquête était un auto questionnaire mené avant et pendant le ramadan et inspiré de celui du réseau Morphée adapté de telle manière qu’il réponde à l’objectif. Pendant le ramadan, les modifications des habitudes alimentaires intéressaient la fréquence des repas (2,1 repas par jour versus 2,7) et les horaires décalés. La consommation médicamenteuse (antalgiques, antispasmodiques et pansement gastrique) avait augmenté. Les maux de tête et les troubles dyspepsiques étaient plus fréquents (respectivement 37,8 versus 25,3 % et 35,8 versus 18,5 %). La durée moyenne du sommeil total (6,8 plus ou moins 1,2 heures versus 7,7 plus ou moins 1,4 heures) et celle du sommeil nocturne (6,1 plus ou moins 0,9 heures versus 7,6 plus ou moins 1,3 heures) avaient diminué alors que celle des siestes avait augmenté (1,3 plus ou moins 0,9 heures versus 0,5 plus ou moins 0,3 heures). Les horaires du coucher et du réveil étaient significativement retardés. Les insomnies étaient plus fréquentes (48 versus 33 %). La prévalence des troubles de la vigilance était plus importante : Epworth supérieur à 10 (46 versus 18,1 %), somnolence au travail (49,8 versus 19,4 %), somnolence au volant (17,3 versus 9,8 %). En conclusion, le sommeil, la vigilance diurne et la santé étaient affectés. Le médecin du travail doit jouer le rôle de médiateur des autorités religieuses en sensibilisant les travailleurs sur les mauvaises pratiques adoptées pendant ce mois saint. Une organisation du travail et un aménagement des horaires pendant ce mois ne pourraient constituer qu’un moyen supplémentaire de prévention.

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