Suicide et activité professionnelle en France.


Article

COHIDON C. | SANTIN G. | GEOFFROY-PEREZ B. | IMBERNON E.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 58, n° 2, avril 2010, pp. 139-150, ill., bibliogr.

La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. S’il est aujourd’hui difficile de comptabiliser le nombre exact de suicides en lien avec le travail, il existe néanmoins certaines données permettant d’approcher cette problématique. Cette étude a pour objectif de décrire les tentatives de suicide (TS) et la mortalité par suicide selon l’emploi en France. La description des TS s’appuie sur les données du Baromètre Santé 2005 de l’Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), enquête transversale représentative menée en France métropolitaine. La population comprend 6 264 hommes, 7 389 femmes, actifs en emploi au moment de l’enquête. La prévalence des TS au cours de la vie est décrite selon la catégorie socioprofessionnelle (un et deux chiffres). La description de la mortalité par suicide avant 65 ans provient du projet Cosmop du département santé travail de l’InVS (Institut national de veille sanitaire). Il s’appuie sur les données issues de l’échantillon démographique permanent de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) couplées aux causes médicales de décès du Cépi-DC de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). La population étudiée concerne les personnes nées en France métropolitaine, actives à un des recensements (1968, 1975, 1982 et 1990, soit 187 938 hommes, 150 683 femmes). Des risques relatifs de mortalité par suicide sont estimés selon la dernière catégorie socioprofessionnelle ou le dernier secteur d’activité connus. La prévalence de TS au cours de la vie est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (6,6 % vs 3,1 %) ; le constat est inverse pour la mortalité. Dans la population des salariés, les catégories des ouvriers et des employés sont les plus concernées par les TS et la mortalité par suicide. Les cadres sont les moins touchés. Les agriculteurs exploitants sont les moins concernés par les TS (0,4 % des hommes, 4,1 % des femmes) mais les plus touchés par les décès par suicide (RR=3,1 hommes ; RR=2,2 femmes). Chez les femmes, en comparaison avec les secteurs non-marchands, le secteur agricole et celui des biens d’équipement présentent une surmortalité par suicide. Cette étude montre des inégalités selon les catégories professionnelles (et les secteurs d’activité dans une moindre mesure) concernant les TS et la mortalité par suicide, en France. Ces résultats dressent un premier bilan sur le suicide selon l’emploi.

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