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Caractérisation de l'exposition aux fumées de soudage en atelier dans le secteur du BTP.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 68, n° 3, juillet 2007, pp. 233-243, ill., bibliogr.
Le but de l'étude était de caractériser l'exposition aux métaux contenus dans les fumées de soudage, dans une démarche globale d'évaluation des risques et de prévention. En complément d'un interrogatoire professionnel, d'un examen clinique, d'études de poste et d'une métrologie atmosphérique, une biosurveillance a été mise en œuvre auprès de 60 soudeurs répartis en 2 groupes, selon la présence (n = 33) ou non (n = 27) de système d'aspiration dans l'atelier, comparativement à 30 témoins. Elle a inclus une biométrologie par dosages par ICP-MS (Inductively-coupled plasma-mass spectrometry) dans le sang et l'urine du plomb, cadmium, nickel, chrome, zinc, manganèse, cobalt et aluminium, associée, seulement pour les soudeurs sans système d'aspiration, à des biomarqueurs d'effet génotoxique sur lymphocytes (test des comètes et test des micronoyaux couplé à l'hybridation in situ fluorescente (ou FISH) de sondes pancentromériques). Les résultats de ces tests de génotoxicité ont été interprétés en fonction du polymorphisme de gènes impliqués dans la réparation de l'ADN (XRCC1 et XRCC3). Les dosages atmosphériques montrent des dépassements fréquents des valeurs limites d'exposition professionnelle (fumées de soudage, plomb, cadmium). On a retrouvé chez les soudeurs, comparativement aux témoins, des concentrations sanguines et urinaires plus élevées de chrome, nickel, plomb (moindres chez les soudeurs bénéficiant de protections collectives) et un taux accru de lymphocytes micronucléés. L'analyse complémentaire en FISH révèle un effet à la fois aneugène et clastogène de l'environnement professionnel étudié. Le test des comètes montre une augmentation des lésions primaires de l'ADN sur la semaine de travail chez deux-tiers des soudeurs ; les sujets présentant le variant génotypique de XRCC1 ont un taux plus élevé de cassures de l'ADN ainsi mises en évidence. Ces résultats soulignent la nécessité de renforcer les mesures de prévention et de sensibiliser les soudeurs à la bonne utilisation des systèmes de protection existants.