Etude de la souffrance psychosociale et de ses facteurs modérateurs chez les consultants en situation de précarité d'un centre de prévention sanitaire et sociale.


Article

LA ROSA E. | CONSOLI S.M. | LE CLESIAU H. | BIROUSTE J. | ET COLL.

Publié dans : Revue d'épidémiologie et de santé publique, vol. 48, n° 4, août 2000, pp. 351-362, ill., bibliogr.

Les effets d'une situation de précarité socio-économique sur la santé mentale ont été déjà amplement décrits. Toutefois, les déterminants socio-démographiques, biographiques et surtout psychologiques, du niveau de détresse mesuré sur de telles populations sont encore mal connus. Deux mille trois cent quinze consultants, âgés de 16 à 59 ans, s'étant présentés consécutivement dans un centre d'examens de santé pris en charge par l'Assurance Maladie, ont été invités à remplir une série de questionnaires, notamment le GHQ-28 (détresse psychosociale), le LOT (capital d'optimisme) et le WCCL (stratégies d'ajustement ou "coping"). Des critères socio-économiques et administratifs ont été retenus pour définir la population en situation de précarité. Un total de 78,9 % de dossiers complets a pu être exploité : 55 % de la population étudiée constituait le groupe en situation de précarité (44,5 % d'hommes et 55,5 % de femmes ; âge moyen 36,2 +/- 11,0 ans). Ce groupe est caractérisé par un niveauplus élevé de détresse psychosociale et des sous-scores plus élevés d'anxiété, de dysfonctionnement social et de dépressivité, mais non de somatisation, ainsi que par un recours plus net à des stratégies de coping centrées sur l'émotion et un capital d'optimisme plus faible. Globalement, le score au GHQ-28 est corrélé positivement au coping centré sur l'émotion (r = 0,36) et négativement au coping centré sur le problème (r = - 0,17) ainsi qu'à l'optimisme (r = - 0,39). En analyse multivariée, un ensemble de neuf variables indépendantes parvient à expliquer 38 % de la variance totale du GHQ-28 : le stress perçu l'optimisme, le coping centré sur l'émotion, le coping centré sur le problème, l'âge, le niveau de diplôme, le statut précaire, la notion de problèmes d'argent et celle de disputes parentales graves avant l'âge de 18 ans. L'introduction de la variable "précarité" dans le modèle constitué par l'ensemble des variables restantes ne parvient à expliquer que 2 % de variance supplémentaire. Ces résultats confirment la présence d'un état de plus grande souffrance psychosociale chez des sujets en situation de précarité et soulignent le rôle modérateur de plusieurs variables psychologiques. Ils peuvent orienter des actions de soutien en faveur des sujets en situation de précarité, focalisées sur un renforcement de leurs ressources adaptatives.

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