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Drives de la grande distribution alimentaire : liens entre douleurs ressenties et contraintes biomécaniques et psycho-organisationnelles.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 79, n° 4, septembre 2018, pp. 501-514, ill., bibliogr.
Le nombre de drives à prédominance alimentaire connaît une progression fulgurante entre les années 2010 et 2013, révolutionnant la culture de la grande distribution. Dans un contexte de défi économique, les enseignes repensent la conception des locaux et l’organisation du travail tout en minimisant les surcoûts. Un drive se définit par des points de retraits proposés par les enseignes de la grande distribution qui permettent la livraison des articles dans le coffre du véhicule du client. Il effectue au préalable une commande à distance sur un site Internet dédié ou une application mobile. Le client choisit le jour et le créneau horaire pour le retrait de ses articles. L’éclosion dans l’urgence de ces drives interroge quant aux conditions de travail et aux conséquences pour la santé-sécurité des salariés. Pour répondre à ces questions, deux outils complémentaires sont déployés : une approche ergonomique pour analyser l’activité réelle des salariés dans les différentes enseignes, et un auto-questionnaire passé auprès des préparateurs. L’objectif de l’étude ergonomique vise à identifier les contraintes de l’activité réalisée et à préciser leurs déterminants. L’auto-questionnaire apporte des renseignements complémentaires sur les caractéristiques de la population, les douleurs évoquées et leurs ressentis quant aux contraintes physiques et psycho-organisationnelles. Les résultats de l’étude montrent une population caractérisée par sa jeunesse, sa faible ancienneté et son niveau de diplôme élevé. Les plaintes exprimées sont importantes et affectent plus spécifiquement la région lombaire, l’articulation de l’épaule et les membres inférieurs, ceci indépendamment des modèles de drives. Au-delà des facteurs biomécaniques, cette approche souligne l’importance des facteurs psycho-organisationnels dans l’évocation des plaintes. Par ailleurs, cette étude ne montre pas de différences tant pour les contraintes physiques que psycho-organisationnelles entre les différents modèles de drives. En conclusion, cette étude ouvre des perspectives d’amélioration des conditions de travail sur différents axes : organisationnel, matériel, dimensionnel et relationnel.