Mortalité des salariés et anciens salariés de la branche industrielle d'Air France entre 1968 et 2007.


Article

MOISAN F. | SCHWAAB Y. | RABET G. | DOURLAT T. | ET COLL.

Publié dans : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 2, 22 janvier 2019, pp. 25-33, ill., bibliogr.

Dans le cadre de la mise en place d'un système de surveillance épidémiologique à l'échelle de la branche industrielle d'Air France, les objectifs ont été d'analyser les causes de décès des salariés par comparaison avec la population générale française, et de comparer la mortalité des salariés selon leurs caractéristiques professionnelles. A partir des fichiers du personnel, tous les salariés en activité au moins 365 jours entre 1968 et 2007 ont été identifiés, ainsi que leur catégorie professionnelle (agent, technicien, maîtrise, cadre) et leur métier. Après obtention du statut vital et de la cause initiale de décès, la mortalité globale et par cause a été comparée à celle de la population générale française en calculant des ratios standardisés de mortalité (SMR) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC 95 %). Le risque relatif (RR) de décès et son IC 95 % en fonction de la catégorie professionnelle et du métier ont été estimés à l'aide de modèles de Cox. Le suivi de la mortalité des 22 299 hommes et 1 978 femmes de l'étude a identifié 4 371 décès (4 222 chez les hommes et 149 chez les femmes). Une sous-mortalité est observée par rapport à la population générale (SMR=0,77 chez les hommes et SMR=0,75 chez les femmes). En revanche, un excès de décès par mélanome malin est observé chez les hommes (SMR=1,70 [1,08-2,55] ; 23 décès observés contre 14 attendus). L'analyse de la survie montre que 50 % des individus étaient encore vivants à l'âge de 80 ans. Un gradient social de mortalité est observé, avec un risque de décès plus élevé pour les personnes ayant travaillé le plus longtemps en tant qu'agent par rapport aux cadres (RR=1,50 [1,33-1,68]). En conclusion, mettre en oeuvre une démarche épidémiologique à l'échelle d'une entreprise est possible et utile. Cela permet à l'entreprise de disposer de données quantifiées et objectives sur l'état de santé de ses salariés. L'identification dans l'étude d'un risque de décès par mélanome malin plus élevé chez les hommes a entraîné la mise en place d'actions de prévention spécifiques (sensibilisation au risque solaire, journées de dépistage).

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