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Interdisciplinary association between biomechanical analysis and occupational psychology : challenges and procedures.
(Association interdisciplinaire entre analyse biomécanique et psychologie au travail : enjeux et modalités). Communication présentée à : 20th Congress of the International Ergonomics Association (IEA 2018). Florence (Italie), 26-30 août 2018.
Acte congres
Edition : INRS, Centre de Lorraine (rue du Morvan, CS 60027, 54519 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex), 2018, non paginé (7 p.), ill., bibliogr. (En anglais)
En France et à l’international, les troubles musculo-squelettiques (TMS) restent les maladies professionnelles les plus répandues. La littérature scientifique a établi l’existence de liens entre la survenue des TMS et la réalisation des gestes en situation de travail. La recherche-intervention décrite dans ce résumé répond à la demande d’un service de médecine préventive d’une grande ville française et concerne la prévention des TMS dans le métier de fossoyeurs. Cette intervention conduite globalement dans un cadre méthodologique de la psychologie du travail clinique de l’activité a profité d’une coopération interdisciplinaire avec la biomécanique qui avait pour enjeu d’approfondir l’étude de la complexité d’un geste réalisé au cours de l’activité réelle de travail en prenant en compte les conditions de sa réalisation. Aussi, l’enjeu de la biomécanique n’était pas ici de réaliser un diagnostic précis de la situation de travail, mais de travailler avec les fossoyeurs sur la variabilité de leurs gestes et des gestes de leurs collègues pour sortir de cette fatalité du métier « quand on est fossoyeur on est condamné à se faire mal ». Dans l’activité de creusement d’une fosse, entre 1 m 50 et 2 m de profondeur, le fossoyeur est contraint de sortir la terre en réalisant des gestes de jeté arrière l’obligeant à porter à bout de bras un outil chargé de terre en vue de l’expulser de la fosse, dos tourné à son point de stockage. La réalisation de ce geste pose problème : au médecin du travail qui établit un lien entre sa réalisation répétée et la survenue possible de TMS des membres supérieurs ; au chef de service qui souhaite interdire l’usage de ce geste pour éviter des accidents de travail et des arrêts maladies ; aux fossoyeurs qui souhaiteraient éviter de le faire mais qui sont contraints de l’effectuer quand les circonstances les y obligent. Au plan méthodologique, l’enregistrement de l’activité musculaire (par électromyographie de surface) des muscles de l’épaule et du dos de 8 fossoyeurs ont eu lieu dans une situation réelle de travail. L’analyse des données biomécaniques a permis d’identifier les gestes les plus et les moins sollicitants pour chaque fossoyeur. La vidéo de ces gestes ainsi que leur évaluation quantitative ont été présentées aux fossoyeurs dans le cadre méthodologique des autoconfrontations simples et croisées. Ces derniers les ont utilisés comme moyens de s’observer, de se comparer et parfois même de s’essayer aux différentes stratégies d’exécution de ces gestes pour gagner en efficacité tout en évitant de se blesser. Cette recherche-intervention a permis de sortir du discours fataliste et de contribuer à l’instauration d’une double dynamique de prévention des TMS : entre fossoyeurs sur les différentes manières d’effectuer ces gestes en repensant leurs manières de mobiliser leur corps dans cette activité, entre préventeurs, fossoyeurs et personnels d’encadrement sur la mise en place d’une formation aux gestes mieux adaptée aux réalités du métier de fossoyeur en vue de prévenir leurs TMS.