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Les violences sexuelles, fruit de l'organisation.
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Publié dans : Santé et travail, n° 101, janvier 2018, pp. 22-23, ill., bibliogr.
Une femme sur 5 aurait été harcelée sexuellement dans le cadre de son travail, selon plusieurs enquêtes. Certaines organisations du travail favorisent-elles ces agissements ? Il existe des collectifs de travail plus à risque que d’autres, soit dans des structures fonctionnant sur un mode familial et entretenant un flou entre la vie professionnelle et la vie privée, soit dans des structures très hiérarchisées, où le pouvoir masculin est institutionnalisé. Certaines situations de travail placent également les femmes dans des situations de vulnérabilité : réunions en fin de journée ou horaires décalés, les femmes pouvant se retrouver isolées une fois les locaux désertés. Les violences sexuelles sont la face visible d’une violence plus souterraine liée à la division sexuelle du travail. Les femmes occupent plus souvent des postes précaires faiblement rémunérés et peu reconnus. Même à métier égal, on leur confie plus souvent les tâches les moins valorisantes. L’arrivée de femmes à des postes considérés comme des autrefois comme réservés aux hommes (médecine, droit, police) n’a pas modifié cet état de fait, les postes de pouvoir demeurant majoritairement occupés par des hommes. Par ailleurs, l’individualisation des relations de travail et l’affaiblissement des solidarités propres aux organisations contemporaines constituent un cadre propice au harcèlement en général. Les victimes se tournent peu vers les organisations syndicales, pensant subir une situation personnelle, alors qu’il s’agit pour la Confédération Européenne des Syndicats (CES) d’une question de santé et de sécurité au travail sur laquelle les syndicats doivent se mobiliser. Pour la CES, comme pour l’Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), le cadre juridique doit également être renforcé, afin d’obliger les entreprises à respecter leur obligation légale de prévention du harcèlement.