Estimation des parts attribuables de cancers aux expositions professionnelles à l’amiante en France : utilisation des matrices développées dans le cadre du programme Matgéné.


Article

GILG SOIT ILG A. | HOUOT M. | AUDIGNON-DURAND S. | BROCHARD P. | ET COLL.

Publié dans : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, (e-revue), n° 3-4, 20 janvier 2015, pp. 66-72, ill., bibliogr.

Le but de cette étude était de produire et d'actualiser des estimations relatives à la part de certains cancers (mésothéliome pleural, cancers bronchopulmonaires, cancers du larynx et de l’ovaire) attribuable à une exposition professionnelle à l’amiante en France, à l’aide d’outils élaborés par l’Institut de veille sanitaire. La part attribuable a été calculée à partir de la formule de Levin. Les risques relatifs sont issus de la littérature scientifique nationale et internationale, et la prévalence de l’exposition professionnelle à l’amiante a été estimée à partir du croisement de la matrice emplois-expositions « amiante » et d’un échantillon d’histoires professionnelles représentatif de la population française. Le nombre de cas attribuable a été calculé pour chacune des pathologies et comparé au nombre de cas de reconnaissance en maladie professionnelle. Au total, le nombre de cas (mésothéliome pleural, cancers bronchopulmonaires, cancers du larynx et de l’ovaire) attribuables à une exposition professionnelle à l’amiante est estimé, en 2012, entre 2 002 et 5 094 chez les hommes et entre 179 et 315 chez les femmes ; rapporté au nombre total de cas pour ces quatre cancers, on peut estimer que 6,3 % à 16 % des cas de ces cancers seraient attribuables à une exposition professionnelle à l’amiante chez les hommes et 1,1 % à 1,9 % chez les femmes. Par ailleurs, 5 % à 66 % des cas de cancers du poumon et 30 à 48 % des cas de mésothéliomes relevant du régime général de sécurité sociale ne feraient pas l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle. Ces estimations confirment le poids considérable des expositions professionnelles à l’amiante dans la survenue de certains cancers dans la population française et, par là-même, l’importance de la sous-réparation des pathologies qui leur sont attribuables, non seulement pour le cancer du poumon ou le mésothéliome, mais également pour le cancer du larynx ou celui de l’ovaire pour lesquels, à ce jour, il n’existe pas de tableau de reconnaissance de maladie professionnelle.

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