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La santé des médecins libéraux en Haute-Normandie : analyse des besoins et mise en place de l'expérimentation d'un service de médecine préventive. Thèse pour le doctorat en médecine.
Etude et rapport
Edition : Université de Rouen, UFR de Médecine et de Pharmacie (22 boulevard Gambetta, 76183 Rouen), 2011, 218 p., ill., bibliogr.
Le constat de pathologies graves affectant des médecins ayant négligé la surveillance de leur propre santé a amené le Conseil Départemental de l'Ordre des Médecins de la Seine-Maritime à réfléchir à la création d'un service de médecine préventive spécialement adapté aux médecins libéraux. Une enquête régionale sur leur état de santé, ses déterminants et la façon dont ils se prennent en charge semblait un pré-requis indispensable à l'élaboration d'une telle structure. Une étude descriptive transversale a été menée en 2008 à l'aide d'un questionnaire adressé à 1 235 médecins libéraux, généralistes et spécialistes (taux de réponse : 45 % ; échantillon représentatif de la population enquêtée). Les pathologies les plus fréquemment déclarées (ostéo-articulaires 63,5 %, psychiatriques 27,0 %) faisaient rarement l'objet d'une surveillance par un autre médecin et l'automédication était de règle. Moins d'un médecin sur 5 avait désigné un médecin traitant tiers et moins d'un sur 4 était à la fois à jour des dépistages et des vaccinations recommandés. 80,0 % étaient favorables à la mise en place d'un service de médecine préventive leur étant dédié. Devant ces résultats, l'association IMHOTEP Haute-Normandie a été créée. L'adhésion à son programme de prévention est basée sur le volontariat. Le médecin adhérent bénéficie d'un examen clinique et de la réalisation d'examens de dépistage adaptés à ses facteurs de risque personnels et professionnels. Au terme de la consultation des examens complémentaires peuvent être prescrits et le médecin orienté, si nécessaire, vers un autre spécialiste, un psychologue ou un ergonome. En 10 mois, une centaine de médecins a adhéré. Sur les 50 premières consultations, 4 adhérents sur 5 n'ont pas de demande particulière mais ressentent le besoin d'être suivi par un tiers objectif. 1/5 souffre d'épuisement professionnel, de pathologie invalidante ou à caractère professionnel et cherche un soutien, des conseils pour continuer à exercer ou se reconvertir. Les adhérents ont un taux de réalisation de dépistages supérieur à la population enquêtée en 2008, le volontariat semblant induire un biais de sélection. Une réflexion est à mener quant à la façon d'atteindre les médecins les plus négligents en matière d'auto-surveillance. Cependant, le programme a permis d'améliorer la couverture vaccinale des adhérents, de dépister des pathologies à potentiel évolutif et de les orienter en tenant compte de leurs attentes. Une évaluation plus précise du service est prévue avec une enquête de satisfaction et une étude des facteurs de non adhésion.