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En finir avec le saturnisme professionnel : intérêt de la plombémie cumulée.
Article
Publié dans : Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol. 72, n° 3, juin 2011, pp. 256-260, bibliogr.
Les auteurs assurent depuis longtemps le suivi médical d’une population fortement exposée au plomb. Etant donné l’évolution des enjeux en prévention, ils étudient les possibilités d’amélioration de cette surveillance. L’analyse de la littérature met en lumière l’existence d’une toxicité du plomb à des valeurs de plombémies nettement plus basses que celles couramment admises et notamment bien inférieures aux valeurs limites professionnelles. Avec la diminution des apports extérieurs, c’est le plomb osseux qui joue maintenant un rôle prépondérant dans la survenue différée de pathologies non spécifiques notamment cardiovasculaires et cognitives. La mesure directe de ce plomb osseux est possible par la fluorescence X, mais on peut aussi en obtenir une bonne approche par le calcul de la plombémie cumulée qui se définit comme le produit de la plombémie et de la durée d’exposition, ou plus précisément comme la somme des plombémies moyennes annuelles. La valeur limite du plomb osseux est de 15 à 20 microg/g d’os tibial, ce qui correspondrait, selon les auteurs, à des valeurs de plombémies cumulées de 400 à 600 microg/années par décilitre. L’utilisation de cet indice de plombémie cumulée apporte une nouvelle perspective au suivi des opérateurs concernés. Les plombémies ont beaucoup baissé, et il ne s’agit plus tant d’éviter une pathologie spécifique que d’agir maintenant sur un facteur de risque plus banal. L’étude d’une population de 275 opérateurs exposés depuis 25 ans montre l’absence de tout saturnisme déclaré, pourtant 28 % présentent une plombémie cumulée supérieure à 800 microg/années par décilitre, ce qui ne sera probablement pas sans répercussion médicale pour une partie d’entre eux.