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Travailler à en mourir. Quand le monde de l'entreprise mène au suicide.
Livre
Edition : Flammarion (87 quai Panhard et Levassor, 75647 Paris Cedex 13), 2009, 243 p., bibliogr.
Il a fallu en 2007 cinq suicides d'ouvriers chez Renault pour que le constat de la dureté extrême du monde du travail s'impose. Le travail peut tuer. Il ne s'agit plus de parler de licenciements difficiles ou de chômage, mais de conditions de travail devenues insupportables. Cet ouvrage est paru au lendemain de la découverte d'un 25e suicide à France Telecom depuis février 2008. Né d'un documentaire de Paul Moreira, c'est un livre de journalistes : il répond à un phénomène (vague de suicides) par des histoires et par des exemples. Ses approches (harcèlement institutionnel, culpabilité, suicide, silence des chefs de service, deuil des familles) sont assez sobres pour être extrêmement parlantes en période de crise. Il est bâti en trois parties qui montrent trois catégories de travailleurs : "la mort frôlée", avec un exemple unique issu du milieu bancaire, "la mort choisie" au Technocentre Renault de Guyancourt qui retrace les conditions dans lesquelles se sont suicidés sur leur lieu de travail 3 salariés et "la mort imposée", enfin, où l'on arrive sur le terrain de la sidérurgie. Il allie témoignages et mises en perspective de la déshumanisation du travail à l'heure où la valeur travail se raréfie et que l'on ne sait plus pour qui on travaille. Il décrypte un système et une mécanique qui ont mené des hommes à la mort. Le mérite des auteurs est d'avoir exhumé, en partant du phénomène de la mort, ce qui peut s'en verbaliser, s'en socialiser. La mort (accident ou suicide) sur le lieu de travail est un phénomène sur lequel on n'a quasi pas de chiffres. De l'avis de nombreux chercheurs et médecins, le chiffre réel des suicides au travail est très largement supérieur à une personne par jour.
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