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Femmes de ménage et veilleurs de nuit : une approche sexuée du travail précaire dans un hôtel en France.
Article
Publié dans : Cahiers du genre, n° 35, 2003, pp. 189-208, bibliogr.
Le présent article résulte d'une enquête d'observation participante sur le travail des femmes de ménage et des veilleurs de nuit dans un hôtel en France. Ces activités, effectuées dans un cadre de travail précaire, impliquent toutes deux un engagement du corps, une disponibilité, une adaptabilité, une organisation sociale et technique, une coopération entre les acteurs qui loin d'être symétriques mettent en évidence la différenciation sexuée au travail. Les femmes de chambre vivent la précarité du travail à travers une disponibilité permanente liée à l'incertitude quant à la durée du travail, l'irrégularité des horaires, la soumission aux exigences de la clientèle et du marché. Ségrégation, sexuelle ou en fonction de la couleur de peau, ségrégation professionnelle, vulnérabilité des femmes face à l'employeur, dévalorisation sociale et économique : tous ces facteurs se conjuguent sur ce poste de travail dont la place est centrale au fonctionnement de l'hôtel. De leur côté, les veilleurs de nuit, tous diplômés de l'enseignement supérieur, s'ils ne subissent pas les mêmes fluctuations, vivent la précarisation à travers un travail qu'ils jugent socialement et économiquement dévalorisant.